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Claire & Yvan GOLL
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3 décembre 2008

Paul Fierens 1924 sur Le Nouvel Orphée

Paul Fierens :

Le Nouvel Orphée

Vulgariser ne signifie pas toujours rendre vulgaire et beaucoup de grands poètes sont des vulgarisateurs de génie. Qui ne peut dominer l'époque la subit ; qui ne peut déchaîner l'orage fait office de baromètre, de sismographe. Le Nouvel Orphée enregistre les mouvements de l'atmosphère et les ébranlements de l'écorce terrestre ; sur le papier s'inscrit, en ligne brisée, un schéma de montagnes russes, bolchévisantes.

   Ivan Goll a bon estomac. Nous l'avons vu digérer sans effort la poésie des cinq continents. Il eût pu, on l'a fait valoir non sans malice, rédiger lui-même les trois-quarts de son anthologie mondiale ; en revanche, le Nouvel Orphée se présente un peu comme une œuvre collective, un recueil de morceaux choisis. Dis-moi qui tu hantes....Ivan Goll est un "moderne", un "Européen", un disciple de Jarry, d'Apollinaire et de Charlot. Quand Jean Epstein écrivit sur la poésie d'aujourd'hui son livre bien scientifique, soupçonnait-il qu'un Ivan Goll lui donnerait à ce point raison?

« Les matins vieillissent vite », ( oui, il y a dans le Nouvel Orphée de ces trouvailles) et comme il est midi cinq, Ivan Goll a tout ce qu'il faut pour déplaire à la plupart d'entre nous. J'ai lu cependant Mathusalem, Paris brûle,  et nombre de télégrammes-poèmes insérés dans Editions du matin,  avec une véritable allégresse. Qu'on se laisse porter, bercer, secouer par ces vagues de tôle peinte ; qu'on s'incline au virages de ces toboggans bien machinés. On s'en tire sans courbatures ; on s'y divertit franchement.

Paul Fierens

La Nouvelle Revue Française - n° 126 - 1er mars 1924 p.358/359

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