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Claire & Yvan GOLL
Claire & Yvan GOLL
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8 août 2010

correspondance 1940 jusqu'au décès de Claire

 1940

 

Note Ivan Goll à Claire New York, MST p.258 en anglais

[New York 1940]

Darling

Three times in the week. I take english lesssons, in tha advenced

class, evenings from six to eight. My teacher has the most diting-

vished pronouciation that I know. But I feel my tongue very fro-

zen . Now I must go to school

 Good bye

I attend evening school three times a week

 

(sur l'autre face) !

 

1 The halloween strkes me funny

2 The bad weather strke me odd

3 The steel-workers are going on strike

4 I strike a match for my cigar

5 The mother strikes the girl

6 To strke a bargain = to buy smething cheap

Note Ivan Goll à Claire New York, MST p.258

 10h30

 [New York]

Chérie

Je vais à la banque.

Si Roditi téléphone, écoute d'abord ce qu'il dit, puis, s'il veut venir, dis  que j'ai attendu son appel, et que maintenant je suis en ville - déjeuner impossible.

N'invite pas Goffin pour demain mais pour un autre jour avec l'éditeur.

Téléphone à Wittenberg

 Toujours

 I.

Note Ivan Goll à Claire New York, MST p.259 en français

 10h45

 [New York]

Chérie,

Il fait si beau.

Je vais au Prospect Park et chercher du pain. Mais ne touche pas à ma chambre. Je la ferai moi-même. Ne te fatigue pas

 I.

 

Note Ivan Goll à Claire New York, MST p.259

 Lundi 2h15 [New York 1940]

 Chère petite enfant,

 Je viens maintenant de sortir, parce que entre midi et 2, il n’y avait plus rien à faire.

 

Note Ivan Goll à Claire New York, MST p.259/260

 15 janvier, 2 h ½ [New York]

Chérie;

Tu me croiras que je n'ai quitté la maison qu'à cette heure, en trouvant sur ton bureau L'ELEGIE POUR JAMES JOYCE que je viens d'écrire. Car l'article me déplaisait.

Mais Margaret Marshall me dit au téléphone qu'elle l'a'ttendait. Alors j'ai préféré écrire un poème. S'il est bon - tant mieux. Sinon, rien de perdu non plus. poète, je reste à la disposition du boss.

Tu trouveras encore une autre surprise : une charmante lettre d'Irma Tchou.

J'ai téléphoné à Pinthus qui m'a confirmé qu'il existe un roman, mauvais d'ailleurs sur l'Inconnue. D'un certain Muschler. Je cours à la Library.

Auparavant je vais à la Banque. Et chez Marshall.

Si j'ai le temps, il faudra que je passe à l'exposition de ce pauvre Mané-Katz , qui m'en a prié.

 Je t'embrasse

 I.

Note Ivan Goll à Claire New York, MST p.260

 [New-York]

Chérie,

 

Si tu me l'avais dit plus tôt, je n'aurais pas eu à me fatiguer à rentrer et repartir, pour aller voir Agna Enters, comme tu savais ( 8 blocks et six escaliers )

J'ai fait du café frais

 Amour Yvan

 

( au dos de la feuille )

 

Bach Duo

Ta voix, Aimée, et ma voix

Un concerto brandebourgeois (N° 5)

Ma voix, Aimée, et la tienne

Ma flûte d'ébène, ta violine orchidéenne

Un papillon se cherche au-dessus des avoines

Nouant des faveurs autour des pivoines

Et leur rire rouge de somnambules

Moi bleu si bleu de libellules

Toi titubant de silence corail

Et sur une note l'alouette travaille

Monte à la corde de la joie

Ton coeur bat dans mon coeur

Mon oeil gauche dans ton droit

Ah ! mon sein rose en mi mineur !

 

Ivan Goll New-York à Paula Ludwig Paris 7 février 1940 ImsL p.537

 

 Ma chère Paula

 

Grande surprise pour moi d'apprendre que tu n'étais plus à St.Malo. Alors que c'est dans cette ville que je t'ai envoyé toutes mes lettres de Noël, de Nouvel-An et de 5 janvier. Je me demande avec inquiétude maintenant si tu as reçu ces envois qui comprenaient parfois des billets de dollar. Et je serais triste si tu étais restée sans nouvelles à toutes ces dates mémorables.

Mais grande joie pour moi aussi d'apprendre que tu habites de nouveau dans ta petite chambre, près du poirier, du merle et du jardin du Luxembourg qui est beau et grand par toutes les saisons. 

Tu es devenue une sage, et dans les profondeurs du malheur tu sais toujours trouver une étincelle de bonheur, comme une étoile dans la nuit. Quel plaisir pour moi de correspondre maintenant avec toi dans cette langue : ta lettre-enfant m'a fait rire aux larmes, elle était touchante.

Je savais que Friedel deviendrait un grand artiste, et rien ne pourra l'en empêcher. Dans la plus petite chambre, il trouvera à s'exprimer. Et qu'il suive les traces de Van Gogh, voilà une révélation. 

Je joins à cette lettre un de mes nouveaux poèmes qui te montrera que je reste le même partout, sur tous les continents, malgré toutes les tempêtes.

Je joins aussi 1 dollar comme d'habitude

et tous mes baisers 

 Ivan

(SDdV)

 

Ivan Goll New-York à Paula Ludwig Paris 13 mars 1940 ImsL p.538/539

 

 Ma chère Paula

 

Depuis ta première lettre écrite en français, qui était si drôle et si touchante, je n'ai rien reçu de toi et je vais trois fois par semaine chez Cook. Cela ne me semble pas naturel. Toutefois j'espère que cela n'est imputable qu'à des difficultés de transmission : et que tu es toujours en bonne santé et en aussi bonne disposition d'esprit qu'à ton retour de Saint-Malo.

Je ne sais toujours pas si tu as reçu les différentes lettres que j'avais envoyées avant le 1 janvier à St Malo, et je serais bien triste si elle(s) étaient perdues.

Voici le 3. printemps que tu passes en France, et les arbres du Luxembourg doivent déjà avoir des bourgeons, et à leurs pieds, dans le gazon, les crocus qui te rappellent les pentes d'Ehrwald.

D'ailleurs voici de nouveau un printemps noir, et la date du 13 mars est fatale. Il y a 2 ans, les Viennois pleuraient, comme aujourd'hui les Finnois. Les peuples sombrent dans le néant. Et il y a 5 ans exactement, te rappelles-tu ma prédiction, le même jour : « Si aujourd'hui ils n'agissent pas, toute l'Europe va à la ruine. »

Aujourd'hui à New-York comme ailleurs, les gens pleurent.

Comme tu vois, l'océan n'est pas si grand, et le battement des coeurs est resté le même. J'ai de nouveau l'impression d'un profond déchirement dans ma chair.

Rien n'a changé en moi. Partout Jean sans Terre me poursuit. Partout aussi j'emporte ton image. Et je sais que ton visage a conservé sa grandeur, rehaussée encore par tous les malheurs de cet hiver.

Que devient Friedel ? Peut-il continuer à peindre ? Quel dommage si le génie qui sommeille en lui, devait être étouffé !

Je n'ai malheureusement plus eu de nouvelles non plus de Nina, ce qui m'étonne beaucoup ? En principe, je crois que tu pourrais partir : mais obtiendra-t-elle les visas pour vous deux ?

Dans sa lettre, elle semblait assez confiante.

A pâques je cueillerai une anémone pour toi. Mais aujourd'hui nous avons encore de la neige et de la glace, dans les jardins comme dans les coeurs

Je t'embrasse bien fort

 Ivan

(sur le bord gauche)

Je t'envoie aujourd'hui 200 Frs par envoi postal

 

29 Mars 1940 double dactylographié de la lettre de Goll à sa mère

 29 mars 1940

 

 Ma chère Rifka,

 

 Mon anniversaire a très bien commencé ce matin : puisque 3 lettres de toi sont arrivées, juste à point, celle du 23 février et du 4 mars, ainsi que la lettre par avion du 12 mars. Toutes trois m'apportent des vœux qui, je le sais et je le sens, viennent du cœur et me comblent de joie, mais par dessus tout elles m'apportent l'assurance que tu es en bonne santé et que ta jambe est si bien rétablie que pour un peu, tu vas te remettre à trotter comme autrefois. Au fait, c'est bien ce que la radiographie m'avait suggéré : ton fémur n'était pas complètement brisé mais fêlé à plusieurs endroits, et la chose capitale, c'est que les os ne s'étaient pas déplacés ? Ainsi tout a pu se remettre plus facilement. Certes, je ne doute pas qu'il faut que tu continues à faire attention.

 Tu me dis que tu habites "dans un jardin" : dois-je comprendre que tu habites le rez-de-chaussée ? Ce serait merveilleux. Mais même s'il n'en était pas ainsi, nous sommes heureux, Claire et moi que tu puisses enfin comprendre ce que c'est de jouir de la nature, de regarder pousser petit à petit les herbes et les fleurs. Tu découvres soudainement ton amour pour la création de Dieu et pour l'essence de la poésie ? Cela aussi est fait pour me ravir. D'ailleurs, je me rappelle, avec quelle sollicitude tu soignais tes géraniums, sur la fenêtre de ta cuisine.

 Et maintenant, le 30 avril, cela va être ton tour : ton anniversaire pour un cycle Claire te l'a déjà annoncé sur une carte, nous avons envoyé le renard que nous avons acheté à bon compte, en automne dernier. J'espère qu'il arrivera à bon port. J'ai signalé sur un formulaire pour la douane que c'est une fourrure déjà porté, usagée. Tu n'auras qu'à dire la même chose. Elle vient de Claire. J'espère que tu n'auras pas d'ennuis.

 Et puis voici une autre grande nouvelle. Les lois d'Amérique ne permettent aux visiteurs comme nous qu'un séjour maximum de 6 mois. Mais comme il est impossible de retourner au pays en ce moment, il nous faut sortir des frontières, aller dans un pays voisin, ne serait-ce que pour quelques jours, puis ensuite nous pourrons de nouveau revenir pour un nouveau bail. Nous sommes donc forcés de faire ce que font des milliers d'autres, nous allons faire un petit tour à Cuba, l'ile la plus rapprochée et nous y resterons le temps qu'il faudra, et puis nous reviendrons ici.

Nous laisserons d'ailleurs la plupart de nos affaires à New York, chez des amis, où nous comptons revenir, avec tout une moisson d'impressions qui nous permettront d'écrire des articles qu'on nous demande. Notre séjour à Cuba dépendra du travail que nous pourrons y fournir. Là, comme ici, d'ailleurs, on est très friand de littérature française, et nous pourrons sans doute y faire quelques conférences.

 Pour nos relations, il n'y aura rien de changé. Cuba n'est pas plus éloignée de la France que New York - des avions transportent tous les jours le courrier d'un pays à l'autre. Tu peux continuer à nous écrire à notre adresse de New York, notre courrier nous suivra, ou bien, mieux encore, m'écrire directement à l'adresse suivante :

 

Monsieur Ivan Lang, American Express Co.

La Havane (Cuba)

 Et puis, en attendant, qui sait, les choses auront changé dans le monde, et nous pourrons peut-être songer à un avenir plus calme. Ton petit jardin français nous attire beaucoup.

. Nous étions invités hier soir à une soirée de poètes, où il y avait beaucoup de noms réputés en Amérique. A minuit tapant, tous se sont mis à chanter en cœur : "Joyeux anniversaire ! Joyeux anniversaire !" Je ne sais pas qui les avait prévenus. C'était très touchant.

 Bientôt paraîtront mes poèmes traduits en anglais.

 J'ai été satisfait d'apprendre que tu as fait un petit cadeau à Francine. Mais n'en reste pas là. Il faut continuer dans cette voie. Ne va jamais chez eux les mains vides. Apporte-leur tantôt des bonbons, tantôt un gâteau, tantôt des fleurs. Pour cuire ta soupe, il faut du feu. Pour entretenir l'amitié, il faut susciter l'intérêt des autres par de petits présents. C'est humain. On n'a rien pour rien, ici-bas. Que ton argent te serve au moins à avoir des jours agréable. Ne crains pas d'en dépenser plus. Je te le répète, tu en auras toujours assez.

 

Reçois de Claire et de moi nos plus affectueux baisers

 

 

Le 3 avril 1940, Yvan et Claire Goll quittaient New York pour Cuba, vivaient à La Havane avant de revenir à New York le 21 mai 1940 où ils habiteront jusqu'en mai 1947 au 136, Columbia Heights dans Brooklyn, New York

 

8 avril 1940 lettre de C B à Goll

 

 UNIVERSITY  OF CALIFORNIA

  DEPARTMENT OF FRENCH

  BERKELEY

 

 

 

 Cher Monsieur,

 

 

à recopier

 

Ivan Goll La Havane à Paula Ludwig Paris 25 avril 1940 ImsL p.540/541

 

Chère Paula

Je suis maintenant à Cuba

 

PS. Je m'aperçois maintenant que j'aurais du t'écrire en français. Tant pis.

Salue Friedel et donne-moi de ses nouvelles.

De Nina aussi je n'ai plus rien entendu

 

à traduire

 

28 avril 1940 Ivan Goll La Havane à Paula Ludwig Paris ImsL p.541 à 543

 

Ma chère Paula

Tu seras sans doute très étonnée d'apprendre que je me trouve maintenant à Cuba. J'ai été obligé de m'y rendre par la loi américaine. Je n'avais qu'un permis de 6 mois pour résider aux Etats-Unis. Ensuite, j'ai du sortir, pour pouvoir y rentrer de nouveau et pour immigrer réellement. Ainsi dans cinq ans, je pourrai devenir citoyen américain.

Voilà comment les hasards de l'histoire ont conduit Jean sans Terre sur cette île qui pourrait être le paradis si les hommes avaient un peu de bon sens. Mais ils sont stupides partout. Ici la nature est abondante et généreuse et pourrait facilement nourrir tout le peuple. Mais il y a des injustices grotesques

Je n'ai jamais vu autant de misère qu'à la Havane : autant de mendiants, de nègres presque nus, obligés à mendier.

Pourtant, toute l'année, la terre produit des fruits miraculeux, étranges, magnifiques. On a 3 bananes pour 1 sou. Il y a le marney, un fruit rouge comme de la viande et aussi nourrissant. Il y a le guanaba, comme de l'ice-cream. Le caïmito comme une crème à la vanille. Sans parler du mango, plus connu. La vie ici-bas pourrait être si belle, si les hommes pacifiques avaient su imposer la paix.

Mais dans ce rêve bercé par les vagues bleues de l'Océan, où, en avril, nous avons 30 ° de chaleur et tout le monde se promène en blanc — sous le bruit frais des palmiers et des bananiers qui montrent leurs membres érotiques de proportions immense — les petits nègres passent et crient les titres des journaux, les malheurs quotidiens de l'Europe, le martyre des peuples hypnotisés, le démembrement de la Scandinavie, prélude à tant d'autres catastrophes.

J'aimerais m'enfoncer dans le soleil et dans le sable.

Mais les soucis me tracassent. Sans nouvelles de toi et de Friedel depuis des mois, je ne sais ce que vous êtes devenus

 Je suppose cependant que tu continues à vivre dans cette petite chambre, philosophiquement, avec ton merle et ton poirier. L'hiver aura été dur. Puis le printemps est venu. Et je lis dans les journaux que Paris est plus doux, plus paisible que jamais, que les gens donnent des bals, et que les tulipes au Luxembourg, ainsi que les "éléphants blancs" des carrousels, ont leurs anciens attraits.

C'est très bien, tout cela.

Je souhaite que tes amis aient assez de temps pour venir te voir, et que toi, tu aies assez de temps et de santé pour écrire les poésies de sagesse et de maturité, qui devraient un jour échoir dans ton cœur si douloureux.

Je n'ai pas de nouvelles de Nina. Mais ma dernière lettre s'est sans doute perdue; et elle ne m'a jamais répondu. Je resterai ici encore un mois, puis je retournerai en Amérique du Nord. A mi-chemin du Brésil: il ne m'est pas possible d'y accéder !

Je t'embrasse

 Ivan

Adresse :

Hotel Plaza

La Havane

(Cuba)

 

 

12 mai 1940 double de la lettre de Goll à Sazia (épouse de Jean Booss)

SDdV

 

22 mai 1940, lettre manuscrite d'Ivan à sa mère

 22 mai 1940

 

  Ma chère Rifka,

 

 Je suis rentré à New York hier, à mon ancienne adresse.

La situation en Europe a vite tourné au tragique, et toute l'Amérique suit avec angoisse le dénouement de ce drame.

Que se sera-t-il encore passé quand tu recevras cette lettre ? Aujourd'hui, c'était la chute d'Arras...

Dans ces circonstances nous avons jugé qu'il valait mieux quitter La Havane et revenir à notre port d'attache. Nous avons obtenu tout ce que nous voulions à Cuba, et maintenant nous sommes immigrés régulièrement aux Etats-Unis, et nous pourrons un jour devenir citoyens américains.

 D'ailleurs, nous avons passé là-bas des semaines éblouissantes dans un pays paradisiaque, fêtés par des douzaines d'amis, encensés par de nombreux articles de journaux!

 Le 9 mai au soir, le "Cercle des Amis de la Culture Française" nous avait consacré une soirée où Claire et moi, nous avons lu des poèmes et des morceaux de prose, après qu'un orateur eût tracé un panorama de l'ensemble de notre production littéraire.

 Je t'écris cette lettre par avion, afin que tu la reçoives plus vite : et je t'envoie par lettre régulière une photo de moi, prise à La Havane, ainsi que quelques extraits d'articles sur nous.

 J'avais bien reçu à La Havane aussi, tes deux lettres du 8 et du 21 avril qui étaient pénétrées de calme et d'espoir. Tu me parlais de ton jardin, de tes petites promenades et de tes soucis avec les maisons.

 Mais depuis, que de catastrophes - et comme les soucis ont pris un aspect plus tragique !

 Je souhaite que ces lignes te parviennent et te trouves en bonne santé. Au moins, dans ton petit coin tu sembles en sûreté et une vieille dame comme toi n'a pas grand chose à craindre d'événements qui la dépassent..

 Nous ici essayons de nous organiser dans l'attente d'on ne sait quoi, et nous sommes heureux d'être en bonne santé et de pouvoir t'envoyer nos baisers comme toujours

 Mig

 

Paula Ludwig s'enfuit de Paris vers Bordeaux début juin devant l'avance des troupes de Hitler. Elle resta deux semaines dans le camp d'internement de Gurs à partir du 21 juin 1940 et quand les troupes hitlériennes entrèrent en zone occupée, elle partit en voiture pour Marseille où elle séjournera plusieurs mois dans un espace pour réfugiés 32, rue de Hesse

 

Yvan à sa mère 8 juillet 1940

 

  Ma chère Rifka,

 

 Avant-hier, j'ai reçu ta lettre du 31 mai et malgré son ancienneté, elle m'a fait plaisir en me rassurant sur ta santé. J'espère qu'elle a continué de se maintenir depuis, et que tu acceptes avec sérénité les volontés du destin. Depuis plusieurs semaines, nous n'avons ici, en Amérique, aucune nouvelle directe de France, de sorte que je ne peux me faire aucune image de ton existence actuelle. Il m'est impossible d'imaginer quelle est ta situation, mais je pense que pour toi, personnellement, elle n'a pas beaucoup changé. Tu as pu être heureuse d'avoir un toit sur la tête, pendant que toute une population errait sur les routes de France. Mais maintenant ?

Nous nous somme réinstallés à New-York, mais à une autre adresse, que tu trouveras en tête de cette lettre. C'est un agréable petit appartement de deux pièces, donnant sur le port, avec une vue fort jolie, et un peu moins cher que le précédent. Nous avons renoué toutes nos anciennes relations, et attendons de pied ferme ce que l'avenir nous réserve. Personne au monde ne peut savoir, de quoi demain sera fait. Comment vont tes voisins, les Alphonse et les Gaby ? J'ai été heureux que la fourrure t'ait fait tant plaisir, et je t'envoie les meilleurs baisers de nous deux

 Mig

 

12 septembre 1940 carte de Goll à Mr et Mme Alphonse Lazard

chez M. Cahen, 26 Boul Lhotelier à Dinard, Ille et Vilaine, France

retour à l'envoyeur

 

Mes bien chers,

Je viens vous envoyer à l'occasion des fêtes les meilleurs voeux de Claire

et de moi-même, dans l'espoir que vous supportez en bonne santé et avec

confiance ces temps difficiles. Voyez(vous souvent ma chère Rebecca qui

est bien seule et à laquelle il faut pardonner bien des maladresses.

L'humanité est tellement à plaindre : il faut que les individus se pardonnent

leur condition humaine.

Bien des choses à vos enfants.

Sincèrement votre Mignon

 

SDdV 510311. I

 

The Nation 151-n°41 (hebdomadaire) : 28 Sept. 1940 :

Ivan Goll, Chanson de France Nous n'irons plus au bois ma belle

 

10 octobre 1940 carte de Goll à Madame Veuve D. Kahn

chez Madame Le Marinier, 24 Boul Lhotelier à Dinard,Ille et Vilaine, France

retour à l'envoyeur

 

10 Oct. 40

 

136 Columbia Heights

Brooklyn, New York

 

Ma chère Rifka

 

A la veille de la grande A 

que je célébrerai comme de coutume en pensant à toi et à tout mon passé,

je t'envoie mes meilleurs voeux de bonne santé. Demain ce sera le grand jeûne

pour nous tous en Amérique qui sommes de cœur avec vous.

 Je n'ai rien reçu de toi depuis le début du mois d'Août, mais je sais que

les correspondances sont devenues très rares. Claire se joint à moi pour t'envoyer nos plus affectueux baisers

  Mignon

SDdV 510311. I

 

28 octobre 1940, journal d'Ivan Goll

 Great Barrington

Le paysage de New England est, paraît-il un des plus

beaux de l'Amérique. L'après-midi nous allons

dans les environs,  il y a un ranch, et 

Louise peut enfin justifier son accoutrement

d'Amazone, qu'elle n'a pas quitté de toute la journée.

Elle fait une longue course dans les bois avec „Bergie"

qui est en extase devant elle.

 Nous faisons une petite promenade avec Kerillis

et sa belle-sœur qui est charmante comme femme et

comme mère. Elle a 3 fillettes, dont la plus jeune

de 3 ans est sourde et muette, et qui pourtant a

tant de grâce.

 

 Le sommet de Great Barrington est somptueux.

 

 Le lendemain matin, après un breakfest bien tassé,

nous repartons vers New York avec Bergmann en

plus, dont l'importance politique se révéla, non

seulement par ses  récits pendant le voyage 

nous retraversons ces paysages un peu thuringiens,

mais sans âme, puisque non encore modelés par

la main et la pioche de l'homme  mais par sa

suite au Savoy Plaza, où il nous conduit un instant,

en arrivant.

 

29 octobre 1940, journal d'Ivan Goll (Claire a 50 ans ce jour)

 mardi New York

 Anniversaire de Claire : Quelques roses rouges,

 les Cathédrales de Rodin, 2 robes. Je ne veux pas

 mentionner son âge, car elle se contente de cadeaux

 comme une enfant.

 Nous déjeûnons en ville : puis Claire va à l'Hôtel

St Moritz, où nous sommes invités chez Feuchtwanger.

 Moi, je vais à Gotham Book Mark 51 W 47, où

William Carlos Williams signe son livre "In the Money"

sous les auspices de son éditeur James Laughlin, et

„New Directions".

 Je vois Williams pour la première fois, et je le

remercie avec effusion pour ses 2 traductions de

Jean sans Terre qu'il a faites sans être sollicité.

Visage très net, très droit, œil inquisiteur du

médecin, voix chaude du poète.

 Il est réellement fêté comme un maître par

toute la jeunesse littéraire de New York.

 James Laughlin „ le plus grand le plus haut " de

tous, a de douces manières pour dire„merci,non"aux

solliciteurs.

 Je suis étonné de me trouver très à l'aise dans ce

milieu poétique  presque tout le monde me

connaît après la publication de seulement 2 poèmes

dans Partisan Review et The Nation.

 Des groupes se forment très naturellement :

le groupe surréaliste: Calas me présente à Ch.H. Ford,

Parker Tyler, Matta etc.

 Voici Harry Brown et S. Thomson qui hier m'ont

demandé de collaborer à leur nouvelle revue Vice New

 Voici le groupe franco-américain : Jolas, Duthuit,

M. Block l'éditeur de Living Age, et Julien Lévy.

 Voici Oscar Williams, Horace Gregory qui est

soit ivre soit à un degré dangereux de nervosité.

 Pierre Loving me présente à l'éditeur de Viking Press

 Voici les Allemands : Klaus Mann, J M Grup(?) qui,

est saoûl et fait un tapage typiquement bavarois.

SDdV

 

Ivan Goll New-York à Paula Ludwig Lisbonne 6 novembre 1940 ImsL p.544

 

correspondance à traduire

                                                          1941

 

 

15 février 1941 carte de Goll à Madame Veuve D. Kahn

chez Madame Le Marinier, 24 Boul Lhotelier à Dinard France

retour à l'envoyeur

15 février 1941

 

136 Columbia Heights

Brooklyn, New York

 

Quelques baisers

de Claire

 et

 

 Mignon

 

SDdV 510311. I

 

 1942

 

 

 1943

 Parution du numéro 1 d'Hémisphères

à recopier

 1944

  à recopier

 1945

  à recopier

 1946

  à recopier

 1947

à recopier

MAI 47 départ de Claire et d'Yvan de New-York

 

carte d'Yvan Goll  (Lyon) à Claire  (Hôtel Palais d’Orsay) du 1er octobre 1947

Mercredi midi

[ Lyon .1.X. 1947 ]

Ma chérie,

J'ai fait un excellent voyage. Allongé dans le train, puis dans la salle d'attente jusqu'à 8 heures après être arrivé à cinq heures. Ensuite 2 kilogrammes de raisin.

Puis fait de la bonne ouvrage

1) payé le déménageur et donné ordre d'envoyer tout à Paris

2) encaissé 2.000 francs pour la Glace

3) encaissé 2.000 francs pour un exemplaire de luxe du Mythe.

À midi découvert qu'on peut monter en funiculaire à Fourvières où se trouve la Basilique ci-contre. Magnifique vue sur Lyon, prise entre Rhône et Saône. Roupillé une demi-heure sur un banc, sous les arbres.

Vais me rendre chez le notaire à deux heures. Pense beaucoup à toi et t'embrasse

Yvan

 

Lettre d'Yvan Goll à Marie-Anne (?) du 25 décembre 1947   Jour de Noël

Paris  Ma chère Marie-Anne,

 Hier soir j'ai été avec Claire à la messe de minuit à l'église Saint-Etienne du Mont, sur la montagne Sainte-Geneviève, près du Panthéon.

 Quel magnifique embrasement de l'âme!

Ah pierres vénérées de ces vieilles églises de Paris, chacune saturée et nourrie des regards et des larmes du peuple au coeur brûlant et à l'esprit qui déploie ses grandes ailes dans les vents qui agitent le Continent.

 Pendant mes sept années d'exil en Amérique j'ai si souvent espéré cette soirée, je me suis rappelé les mouvements gracieux des ruelles qui montent vers cette colline spirituelle ; j'ai essayé de me remémorer les boutiques d'humbles marchands d'estampes ou de vieux livres, qui sont aussi des penseurs et jamais tout à fait présents, l'oeil tourné vers les antiquités lumineuses, et si peu enclins à vendre quoi que ce soit!

 Paris, cher Paris, cité des rêveurs et des penseurs, cité des cordonniers-poètes et des concierges cartésiens qui vous récitent du Péguy quand vous entrez dans leur loge.

 Je suis heureux d'être revenu dans tes quartiers familiers et sur tes quais près desquels coule la Seine aux eaux noires et éternellement incomprises par l'homme qui passe sur le pont et se dirige vers le Palais de Justice --

quelle justice, sinon celle de Dieu...  

St.D.d.V.

 

Une abondante correspondance entre Claire et les GLEIZES, allant de 1947 à 1954 est conservée par la Fondation Albert GLEIZES (dépôt au Musée national d’art moderne de Paris). D’autres courriers d’après-guerre sont à la médiathèque Victor-Hugo.

 

Le 22 octobre 1950, Claire déclare son intention de rédiger un article sur le peintre. Une photo montre Claire avec Gleizes au Musée national d’art moderne de Paris

(1952, VIII A 24

 

 1948

 

lettre de Rifka Préville à Yvan 23 février 1948

  Préville le 23 février 1948

  Mon cher Mig,

lettre de Rifka Préville à Yvan 27 février 1948

  Préville le 27 février 1948

  Mon cher Mig,

 

  à recopier

lettre d'Yvan Paris 30 mars 1948 à Alfred Döblin

  à recopier

lettre de Rifka Préville à Yvan 7 avril 1948

  Préville le 7 avril 1948

  Mon bien cher Mig,

  à recopier

 

lettre de Rifka Préville à Yvan 12 juillet 1948

  Préville 12 - 7 - 1948

  Mon cher Mig,

J'ai bien reçu ta lettre du 8, mais avec un jour de retard dû sans doute à la grève que veulent faire les postiers. Je suis surprise que tu ne me donnes aucune nouvelle de ta santé, chose qui m'intéresse plus que tout autre nouvelle. Dois-je en augurer que ton état est stationnaire, ou, ne voulant pas m'alarmer, tu fais silence. Je veux croire que tu ne tarderas pas à satisfaire mon désir: savoir comment tu te portes. Je te remercie des journaux que tu m'annonces (ils ne sont pas encore arrivés) ils m'intéressent toujours beaucoup; les journées sont longues, jusqu'à 9h½ le soir, ils m'aident à passer les soirées et m'instruisent sur bien des points. J'y ai trouvé une rubrique sur les fonds Mexicains et Bulgares, mais je crois sage d'attendre ton retour ici pour vider ces questions, craignant d'être flouée : ayant affaire à une femme, l'employé suppose que je ne suis pas compétente dans la question.

J'ai deux nouvelles à t'annoncer ; la première, j'ai reçu la facture de Ungerer 6000 ƒ, je l'attendais, mais vu la fermeture des Banques, je me vois obligée d'attendre la réouverture qui, j'espère ne tardera pas (je suppose fin de la semaine) j'ai l'intention d'aller en personne le remercier de ses bons offices.

La seconde : j'ai eu la visite de Berthe qui est ici pour quelques jours si le temps le permet, elle a été très aimable, m'a demandé de vos nouvelles et a regretté de ne pas vous avoir reçus le jour de votre visite : elle était sur le point de s'absenter.

Ici, nous déplorons de passer un mois de juillet aussi mauvais, il pleut tous les jours, et avec cela il fait froid, la végétation en souffre beaucoup, rien ne peut mûrir et cette année, il n'y a pas de fruits; le blé même ne mûrit pas. On dit des prières dans toutes les églises, car on craint des inondations, les fleuves grossissent ; voilà le bilan d'une saison qui devrait être la plus chaude; J'espère cependant que vous ne tarderez pas de venir au pays et que tu me donneras des nouvelles de ta santé que tu ? . Dans ta dernière, précédemment, tu m'avais annoncé qu'une nouvelle analyse de sang était favorable. Je m'en étais réjouie : est-ce un leurre [?] Recevez, Claire et toi mes bien affectueux baisers

 R.

 

Claire, en gare de Dijon à Yvan, 11 août 1948

 Dijon - Gare

 11. 8. 48

Chéri,

 Voilà le seul bout de papier que j'ai pu trouver. Mais "verte" est l'espérance.

 La plus grande sensation du voyage a été la fuite d'un lièvre à travers champs. Lièvre, lièvre, il n'y avait rien de plus important, en ce monde pour lui. Et sur les pages blanches effeuillées de son derrière, je lisais tout le roman des lièvres.

 Je pense à toi et à tes beaux yeux sérieux. Pourvu seulement que tu te reposes bien, que tu manges et recommence à te reposer.

 Enferme-toi bien, afin qu'on ne me vole pas mon précieux joueur d'orgue. J'espère qu'il fait beaucoup de poèmes sur son orgue invisible.

 Il y a un an, nous étions tous deux ici, en route vers Lyon. Aujourd'hui, je suis seule.

 En tout amour, ta Zou

 

Yvan à Claire à Challes-les-Eaux, 12 août 1948

 Jeudi 12 août 48 

Claire Chérie

 Chère Clairie et Clairière,

  Je t'ai vue partir hier de bonne heure, toute seule vers ce grand monde qui pour toi deviendra toujours plus grand et plus incompréhensible plus tu avanceras dans la vie - contrairement aux autres petites personnes.

 Moi je suis entré dans cet appartement plus vide que jamais et que la présence de ma mère et la confection d'une carpe à la Yid n'a pas rendu plus joyeux pendant la journée.

Aujourd'hui, pluie continuelle et un froid sensible qui me fait penser que tu dois être bien malheureuse et grelottante dans ton trou de montagne, tout en maudissant celui qui t'y a expédiée. Oseras-tu commencer ton traitement par cette température ? Pourvu que tu n'attrapes pas une bronchite là où tu cherchais une guérison. J'espère du moins que tu t'enveloppes dans toutes les laines que tu as emportées.

 Ce matin, triste courrier à part ton billet vert de Dijon, tout traversé du lierre de l'espoir. Germaine demande péremptoirement quelques éclaircissements que je lui enverrai tapés à la machine en contrefaisant ta signature.

 Voici quelques coupures de journaux

 et toute la tendresse de

 Boubou

 

Claire, Challes-les-Eaux, à Yvan 12 août 1948

  Challes-les-Eaux,

  Jeudi 12 août 48

 

Mon chéri,

 Quelle tempête, ce matin ! Eclairs, tonnerre, une fugue de Bach. Et dans la vallée, sous ma fenêtre, un paysage de Filippo Lippi.. Ce jeu des lumières et des ombres, car le plus gris des murs de brouillard laisse passer tout de même, par instants, un rayon de soleil, éclairant ici une pente de montagne, là un vignoble.Et l'architecture des nuages au-dessus des sommets neigeux, déchirés, fantastiquement baroque. ! Les paysages d'en-haut, encore plus grandioses que ceux d'en-bas !

  Puis, je suis descendue à l'Etablissement, par-dessus les flaques d'eau (faites pour des pieds de géants). Tous les employés d'autrefois sont encore là, et l'on m'a donc reçue avec une vieille amitié aux services des gargarismes et des pulvérisations.

 René était venu me chercher hier, mais comme il n'a plus d'auto, j'ai tout de même dû prendre un taxi. Rochefrette, philosophe comme toujours et très désespéré au sujet de la France. Ah ! je crois presque qu'il a raison. Surtout quand on est assis ici dans la salle à manger, où tout se passe silencieusement, prudemment, sans vie. Mais la nourriture est remarquable. Avant-hier, Jouvet et Jeanson étaient encore là. Seul, le café du matin est imbuvable. Je me suis fait du Nescafé et j'ai béni la prescience qui m'a fait emporter le réchaud électrique. Comme on ne nous donne pas de sucre et que je n'en ai qu'une livre, je te prie de m'en envoyer une autre livre par retour du courrier ; pas le sucre en poudre brun, mais, (si tu le trouves) Domino Cane sugar Dots, une petite boîte jaune : soit dans l'armoire de la cuisine, soit dans le carton, dans ton placard, en haut sur le rayon de gauche.

 Si seulement tu étais ici ! En ce moment, à trois heures de l'après-midi, le ciel s'éclaircit. Rayon de soleil. Je peux cesser de chauffer. Le temps va se réchauffer. Cet air serait magnifique pour toi. Et on n'aurait pas à faire la cuisine, pour une fois. Toujours, je te vois en mouvement, esprit inquiet.

 Travailles-tu ? Il y a ici tant d'oiseaux qui appellent un poète. Et, cette nuit, le petit hibou a gémi avec moi sur l'absence de l'unique.

 Je te tiens longuement et tendrement dans mes bras.

 Ta Zouzou

 

Claire, Challes-les-Eaux, à Yvan 13 août 1948 MST p.276/277

  Challes-les-Eaux,

  Vendredi 13 août 48 

Chéri,

 

 Vendredi 13

  à recopier

 

lettre d'Ivan Goll Metz à Claire Challes-les-Eaux 14 août 1948 MST p.278/279

lettre d'Ivan Goll Metz à Claire Challes-les-Eaux 16 août 1948 MST p.279/280/281

lettre Claire Challes-les-Eaux à Ivan Goll Metz 17 août 1948 MST p.281/282

lettre Claire Challes-les-Eaux à Ivan Goll Metz 19 août 1948 MST p.282/283/284

lettre d'Ivan Goll Metz à Claire Challes-les-Eaux 20 août 1948 MST p.284/285

lettre d'Ivan Goll Metz à Claire Challes-les-Eaux 23 août 1948 MST p.285/286

Metz, Lundi 23 août 1948

 11h. du matin

à recopier

 

Carte de Claire Plateau d’Assy à Ivan Goll Metz 23 août 1948 MST p.286

à recopier

lettre d'Ivan Goll Paris à Claire Challes-les-Eaux 25 août 1948 MST p.287

 Paris 25 août 1948

 (Hôtel Palais d’Orsay]

 

à recopier

 

Je rentrerai vendredi à Metz

 

lettre Claire Challes-les-Eaux à Ivan Goll Metz 25 août 1948 MST p.287/288/289

 

 à recopier

lettre Claire Challes-les-Eaux à Ivan Goll Metz 26 août 1948 MST p.289/290

 à recopier

lettre d'Ivan Goll Metz à Claire Challes-les-Eaux 27 août 1948 MST p.290/291

Metz, Vendredi matin

27 août 48

 à recopier

 

Le Docteur Glaunés et sa Laborantine étaient en vacances. Mais mes forces globulaires semblent bien meilleures . je ne pense plus – et pour cause ! qu’à ma sciatique .

 

lettre d'Ivan Goll Metz à Claire Challes-les-Eaux 28 août 1948 MST p.292

Samedi matin

28 août 48

 anniversaire de Goethe

[Metz]

 à recopier

 

Carte de Claire Strasbourg à Ivan Goll Hôpital Civil Stras 21 sept 1948 MST p.295

 Mardi 3 h ½

 [21 Sept. 48]

 [Strasbourg-Gare]

Chéri,

Je suis en avance d’une heure

 

Je t’écris en anglais, parce qu’il y a des personnes assises sur la banquette avec moi et qui regardent au-dessus de mon épaule

 à recopier

 

lettre Claire Metz à Ivan Goll Strasbourg 22 sept. 1948 MST 295/296

 à recopier

lettre d’ Ivan Goll Strasbourg à Claire Metz  22 sept. 1948 MST 296/297

 à recopier

lettre d'Ivan Goll à Strasbourg à Claire Metz 19 octobre 1948

 à recopier

Télégramme Claire Metz à Ivan Goll Strasbourg 22 octobre 1948 MST 297

 [Metz,22.10.1948]

RENTRERAI CE SOIR TENDRESSES CLAIRE

 

lettre d'Ivan Goll à Strasbourg à Claire Metz 19 octobre 1948

 à recopier

lettre Claire Metz à Ivan Goll Strasbourg  21 octobre 1948 MST p.

 à recopier

lettre d'Ivan Goll à Strasbourg à Claire Metz 15 décembre 1948 MST p.297/298

 Strasbourg , Mercredi

.15. Décembre.1948

 

Ma Clairière,

Hier après ton départ, Mme Buchinger est venue et m'a apporté une saucisse et deux excellents petits gâteaux, dont j'ai donné l'éclair à la Sœur, conservant le paquet de Petits Beurres pour aujourd’hui. Elle est restée presque une heure et m'a parlé si humainement de sa famille, de ses enfants. Ils sont orthodoxes, ferment leur boutique le samedi, pour le célébrer comme dans les anciens temps, comme Bella Chagall l'a décrit…Et elle s’est excusée trois fois, de ne pas avoir obtenu de foie de veau de son mari.

recopier la suite

 

lettre Claire Metz à Ivan Goll Strasbourg  15 décembre 1948 MST p.298/299

 à recopier

lettre Claire Metz à Ivan Goll Strasbourg  16 décembre 1948 MST p.299/300

lettre d'Ivan Goll à Strasbourg à Claire Metz 17 décembre 1948 MST p.300/301

 Strasbourg , 17 Déc.48

 à recopier

Télégramme Ivan Goll Strasbourg à Claire Metz 20 décembre 1948 MST p.301

OSCAR  TE  CONSEILLE SOINS SERIEUX GRIPPE ACTUELLE DANGEREUX

RETARDE VOYAGE ATTENDRAI PATIEMMENT. YVAN

 

                                                          1949

 

 Yv   Yvan et Claire partent à Venise et en Suisse.. Ils seront de retour à Paris le 29 

                                                                                                                                                                                                                  

Jou  Journal d'Yvan Goll samedi 6.11.1949 :

Pau  Paull Celan, 31, rue des Ecoles, m'avait écrit une lettre de la part de Sperber; il nous lit des poèmes de «Der Sand aus den Urnen» d'une voix inspirée et Claire et moi, nous nous accordons de les trouver admirables, purs et savants, où les ombres de    Rilke et de Trakl s'effacent petit à petit devant son clair génie. "Todesfuge" notamment nous empoigne et nous émerveille.

Cel    Celan est à la fois timide et très orgueilleux. Il est convaincu, à bon droit de sa mission de poète. C'est le jeune juif de Cz    Czernowitz très raffiné.

Il a    Il avait apporté à Claire huit roses rouges, lui qui végète sans le sou dans le Quartier Latin. Nous l'avons retenu à un         s       souper léger.                                                                                                                                                               

B         Barbara Wiedemann, Paul Celan - Die Goll-Affäre. Frankfurt am Main, 2000, page 17.

 

Sur l'agenda de Claire :

9/12 : Paul

 

Goll entre à l'Hôpital Américain de Neuilly le 13 décembre

 

Journal d'Yvan Goll au 14.12.1949

à 9h arrive Claire avec Paul Celan et Klaus Demus qui veulent m'offrir leur sang pour la première transfusion.

Seul, le sang de Klaus est jugé compatible avec le mien : n° 4.

Les essais se poursuivent toute la matinée. Vers midi, Claire est obligée d'aller en taxi à Saint-Antoine pour chercher une bouteille et des seringues qui manquent.

Vers 2h commence la transfusion et dure jusqu'à 4h½.

 

 27.12.1949, Journal d'Yvan Goll :

 Longue visite de P. C.

 

                                                           1950

 

 3.1.1950, Journal d'Yvan Goll :

 Visite de trois heures de P. C. : m'apporte un poème fait de l'après-midi

 6.1.1950, Journal d'Yvan Goll :

  P. C. avec Klaus Demus

 28.1.1950, Journal d'Yvan Goll :

  P. C. qui m'apporte un poème avec Klaus Demus

 

- 10 janvier : pour protester contre la présence de Formose au Conseil de sécurité, l'URSS pratique la politique de la chaise vide et le 12, rétablit la peine de mort en Union soviétique..

- 23 janvier : le Parlement israélien déclare Jérusalem capitale de l'état d'Israel.

 

Alain, Berlin à Yvan 29 janvier 1950

 

Alain Bosquet

High Commission for Germany

Office of Political Affairs

Protocol Division (Berlin Element)

APO 742 % U. S. Army

 

 Berlin , le 29 janvier 1950.

 

 Mon cher Yvan ,

 

 

  Dans ma lettre précédente , je te

priais de m' envoyer tes recueils en langue

allemande parus depuis... depuis la première

guerre mondiale. En effet, les plans de mon

éditeur Henssel se sont concrétisés , et il

croit pouvoir mettre à son programme un

choix de tes poèmes , jusqu' à Traumkraut.

  Les dernières nouvelles de ta santé

 m' avaient inquiété ; je forme les voeux les

plus sincères pour ton rétablissement prompt

et complet.

 Je compte aller passer un mois à New -

York , en avril prochain.

 Bien affectueusement à Claire et à

toi,

 Alain

 

Ms 615 Goll 510.324 - 162

 

- 7 février : Georges Bidault forme un nouveau ministère et le Roi des Belges, Léopold III, refuse d'abdiquer en faveur de son fils.

 

Yvan, Paris  à Bosquet, Berlin,  9 février 1950

 

 Paris , 9 février 1950

 

 Mon cher Alain ,[1]

 

    Tu n' imagines pas quelle joie m'avait faite

ta lettre du 16 Décembre(qu'est venue encore renforcer celle

reçue il y a une semaine environ). Et tu t' es demandé

pourquoi je ne répondais pas à un geste aussi amical , et

à ta proposition si tentante.

  C' est tout simplement parce que j' étais entré

à l'Hôpital Américain de Neuilly le 13 décembre et que j'y

suis encore ! Tu es déjà habitué aux tableaux de mes

numérations globulaires, eh bien voici le dernier , avant

mon entrée à l'Hôpital : 1 650.000 globules rouges,

75.000 blancs, 95 % lymphocytes alors qu' en été dernier,

j' avais encore : 2.800.000 rouges , 30.000 blancs ,

75 % lymphocytes.

Je crois que ces chiffres désastreux sont survenus après

une série de rayons X.

 Ultime remède : des transfusions de sang. Hier ,

j' ai reçu ma treizième , mais hélas sans grand résultat.

Le compte des globules rouges ne monte pas , et ma fatigue

devient de plus en plus insupportable.

  Est - ce mon voyage en Italie qui m' aurait trop

affaibli ? Je ne le regrette pourtant pas.

 Et si je ne t'ai pas répondu plus vite , c'est parce que

je me suis immédiatement mis au travail dans cet

hôpital si agréable et si élégant , qu' on se croirait dans

un Sana suisse , et auquel j' ai été admis grâce à ma

carte de membre de l' Associated Hospital Service of

New York , auquel j' ai payé régulièrement une petite

cotisation , depuis que j' étais employé à l' OWI [2].

 Venons - en à la Poésie ! J' accepte de tout coeur ton

offre généreuse, surtout parce qu'il me semble pour l'instant

que ce sera le dernier livre dont j'aurai choisi le sommaire

et surveillé la composition.

 Gardons le titre " Das Traumkraut ". Je voulais avec

cette lettre t'envoyer le texte complet,dont le livre se composera

 Je t'envoie assez de nouveaux poèmes, pour doubler ou tripler

le nombre de pages que tu as déjà ! Ça fera un ensemble

cohérent. Mais pour qu' il en soit ainsi , j' ai dû renoncer

 à extraire de vieilles choses dans mes livres antérieurs.

L' atmosphère y est si différente que je gâterais tout.

Je les abandonne aux géhennes.

 " Das Traumkraut " sera mon seul recueil de poèmes

allemands.

  Tu trouveras , dans le manuscrit ci - inclus , une

nouvelle série de poèmes appartenant à celle que tu

détiens déjà *. Puis quelques Odes de différentes époques

 écrites dans une forme horacienne très sévère et enfin !

quelques traductions de mes récents poèmes français, parus

dans l' Elégie d' Ihpétonga ( dont je me fais un plaisir

de t' envoyer un exemplaire)

 Cela suffira - t - il ? Sinon , on pourrait y ajouter

une version allemande de mes "Chansons Malaises",×

mais seulement im ausserten Notfall [3].

  C' est ce travail au " Traumkraut " qui a  maintenu

mon moral , pendant ces 8 semaines pénibles , que

seule , aussi , Claire , a éclairées de son doux rayonnement.

  Et maintenant , j' attends tes critiques , tes suggestions

 et t' envoie ma fraternelle affection 

 Yvan

 

 

× Une bonne partie desquelles parut déjà en 1932 dans la 

" Vossische Zeitung " , " Uhr " et autres revues.

 Le premier manuscrit que tu détiens , contient - il aussi

le poème de 3 pages " Hiob " que j'avais ajouté plus tard ?

Ms 615 Goll 510.324 - 163/164

 

Rappel des textes envoyés par Goll à Bosquet pour "Das Traumkraut" 

 

Rosentum  II/320

Bluthund   II/313

Geburt des Feuers    II/318

Die Sonnen-Kantate II/326

Der Regenpalast  I/341

Tochter der Tiefe II/348

Das Wüsten-Haupt II/347

Der Staubbaum II/344

In den Äckern des Campfers bist du daheim II/325

Der Salzsee II/344

Die Aschen-Hütte II/345

Die Angst-Tänzerin II/346

Schnee-Masken II/324

Süd II/324

Ode an den Zürichsee (1949) II/414

Lothringische Ode (1949) II/411

Rasiel's Gesang (en français dans Masques de Cendres) IV/377 

Gipskopf  (en français dans Masques de Cendres)  IV/383

Todeshund Chien de ma Mort (Masques de cendres 1949) IV/390

Hiob's Gesänge    (dans Lot 5, p.61)  II/322 et 437 avec variantes 

Stunden   (dans Lot 5, p.60)  II/317 avec variantes

Hospital [In den Äckern des …] (dans Lot 5, p.60)  II/325 sans variante

 

- 9 février 1950, Yvan Goll rédigeait un testament [4]

Sur l'agenda de Celan :

12 février : à recopier

13 février : à recopier

 Goll meurt le 27 février 1950 à Neuilly-sur-Seine.

 

Claire Goll à Paul Celan, 1er mars 1950

Mon cher Paul,

Le marchand de morts m'a dit que la loi exige la présence d'un parent au moment de la mise en bière.

Tu comprends que je préfère souffrir, que de laisser Yvan souillé du regard d'un de ses cousins.

Je te verrai donc ce soir vers 8h.

Merci pour tout et affectueusement

 Ta Claire

Barbara Wiedeman : Paul Celan - Die Goll Affäre p. 155

 

Paul Celan à Claire 10 mars 1950

Chère Claire,

 Irmgard [ Burckhardt, femme peintre], que je voyais hier, m'a donné cette petite lettre ci-jointe, avec mission de te la faire parvenir. La voici donc.

J'ai envoyé tes photos à Bâle, le jour de ton départ mais j'ai oublié d'indiquer ton adresse de Metz, ce qui fait que tu ne seras avertie de la confirmation que lors de ton retour.

Traduire la suite

Barbara Wiedeman : Paul Celan - Die Goll Affäre p. 155/156

à traduire

Claire Goll, Pfingsten à Paul Celan, Paris 28 mai 1950

Cher Paul,

Pfingsten, la belle fête était arrivée, seulement pas de Paul. Te revoir maintenant est aussi dur qu'une course d'obstacles. Je t'ai attendu encore samedi soir. Sans doute un nouveau malentendu. Est-ce que ce n'était pas cela qui était décidé ? Même si, pleine d'espoir, j'avais dit à Klaus qui partait à la dernière minute : « j'attends aussi Paul, s'il ne se décommande pas.»

J'espère que tu reçois ces lignes ? Toutes tes lettres ne sont pourtant pas détournées par la concierge, j'espère.

 Toujours en amitié

 Claire

Barbara Wiedeman : Paul Celan - Die Goll Affäre p. 157

 

Claire a dédicacé à Paul Celan : Jean sans Terre, Choix de poèmes.

Pierre Seghers, Paris (20 juin)1950 Collection Cahiers bimensuels n°44 - 18 cm., 45p.

 Au poète Paul,

 la voix d'un autre poète et ami

 Claire

 

lettre de Claire Goll, à Paul Celan, Paris 26 juillet 1950

Mon cher Paul,

Je t'ai étourdiment donné un rendez-vous pour samedi. Je ne suis malheureusement pas libre et je déplore vivement de ne plus pouvoir te voir avant mon voyage à Metz. Tu serais très aimable si tu pouvais m'envoyer par la Poste les 2 poèmes ou les donner à la réception, [Palais d'Orsay] ainsi que le premier vers de chaque poème que je t'ai donné pour une traduction éventuelle, afin qu'il n'y ait pas d'erreur, puisque je dois bientôt donner le manuscrit, et je vais aussi le donner à Alain Bosquet afin qu'il en traduise quelques uns ou qu'il prête son concours.

Et à propos de "Elégie d'Ihpétonga", quel est ton choix ? Yvan était tellement confiant en ton assistance passionnée et il y a maintenant 4 mois que tout est en arrêt ou au ralenti. Je ne peux pas laisser son œuvre sans que quelqu'un s'en occupe en Allemagne. Je n'ai pas le droit d'en retarder la parution, il y tenait tant.

 Avec mon amitié toujours présente

 Claire

Barbara Wiedeman : Paul Celan - Die Goll Affäre p. 158

 à recopier

 

lettre de Claire Goll Metz, à Paul Celan, Paris 8 août 1950

Mon cher Paul,

Voilà Metz dans toute sa beauté et nudité pittoresques. La Grandeur romantique et la misère et la saleté se frottent. De la chambre où je dîne chaque soir chez des amis-ouvriers dans un immeuble romantique et délabré, je vois dans la maison abandonnée où Rabelais vivait et concevait Gargantua. Et toi ? Travailles-tu à ton Gargantua en vers ? Tu n'as pas déposé les traductions, pourquoi ? Pas finies ? je rentre demain.

 Amitiés

 Claire

Barbara Wiedeman : Paul Celan - Die Goll Affäre p. 159

 

 

lettre de Claire Goll Barnes, à Paul Celan, Paris 30 août 1950

Mon cher Paul,

Je suis ici chez des amis, depuis une huitaine. Londres est une ville grandiose, gigantesque et ses habitants d'une hospitalité incomparable. Je pense rentrer la semaine prochaine et espère te revoir bientôt. Peut-être as-tu pu travailler un peu pendant les vacances. J'ai reçu une carte d'Italie de Klaus il y a déjà quelques semaines

 

Pensées affectueuses du pays de Shelley, Blake, Keats et du grand Will.

 Claire

Barbara Wiedeman : Paul Celan - Die Goll Affäre p. 160

 

Le 22 octobre 1950, Claire déclare son intention de rédiger un article sur Albert Gleizes. Une photo montre Claire avec Gleizes au Musée national d’art moderne de Paris

(1952, VIII A 24

 

lettre de Claire Goll Paris, à Paul Celan, Dimanche 26 novembre 1950

  Paris, dimanche 26 novembre

Mon cher Paul,

 Je sais par Gertrude Rosenberg que tu as perdu ton stylo. Quel cadeau de Noël, pourrai-je te faire plus utile qu'un Waterman et en plus celui du Waterman d'Yvan que je lui avais offert au Canada car il avait laissé le sien à New York ? Avec celui-là, il a écrit le Mythe de La Roche Percée. Peut-être, sera-t-il pour toi aussi, mon petit Paul, instrument d'inspiration. Je te souhaite ceci et plein d'autres choses, un peu trop tôt par rapport à Noël, mais j'attends un coup de fil de Vence, de la femme de Chagall qui doit fixer mon départ. Il a eu à nouveau une crise de la prostate et donc, il doit peut-être subir une opération. Sinon, je pars dans les jours prochains.

Peut-être passes-tu encore - après un coup de fil au préalable ?

  en amitié

 Ta

  Claire G.

 

Barbara Wiedeman : Paul Celan - Die Goll Affäre p. 161

 

lettre de Claire Goll à Paul Celan, Dimanche 6 décembre 1950

Cher Paul,

Le papier sur lequel je t'écris a été fabriqué dans les mines de Mairans, fondées en 1480. C'est donc un papier de qualité. C'est donc un papier qui doit porter bonheur. Ainsi, j'espère que les adresses ci-dessous te porteront chance :

 Werner von Alversleben

 15 Parliament Hill, N.W. 3

 (Hampstead 09-67)

 

 Peter de Mendelssohn

 20 Wimbledon Close, S.W. 20

 (Wimbledon 31.00)

 

 Louis Golding (illustre romancier

 et homosexuel)

 Hamilton Terrace, N. W.8

 (Cummingham 69.94)

Beaucoup de chance et de succès personnel ! Et bonnes fêtes !

 Affectueusement

 Claire

Barbara Wiedeman : Paul Celan - Die Goll Affäre p. 161/162

 

                                                           1951

 

lettre de Claire Goll à Paul Celan, 17.1. 1951

Mon cher Paul

Je suis obligé d'annuler l'invitation pour vendredi, j'ai la grippe.

Veux-tu m'accompagner mercredi 24, pour l'hommage à Yvan. Je te choisis toi parce que tu as été très proche de lui. Pourrais-tu être "au plus tard" vers 19h30 chez moi, pour que nous puissions manger avant d'y aller ? Mais je dois te demander de me répondre "immédiatement" car, sinon, je demanderai à quelqu'un d'autre.

 Affectueusement,

 Claire

Barbara Wiedeman : Paul Celan - Die Goll Affäre p. 163

 

carte de Claire Goll à Paul Celan, [printemps 1951]

Mon cher Paul

Je passe ici de belles journées

 

Jusqu'à jeudi, mon adresse est chez Albert Gleizes, St Remy de Provence (Bouches du Rhône)

 Affectueusement

 Claire

 

à traduire

Barbara Wiedeman : Paul Celan - Die Goll Affäre p. 163

 

lettre de Claire Goll à Paul Celan, [mai 1951]

 vendredi soir

Cher Paul

J'oubliais de te donner la carte ci-jointe. L'exposition est très intéressante surtout les tableaux de Picasso "Massacre en Corée".

Visite aussi "Le Mur de la Poésie", tu y trouveras 84 poésies dont une de moi.

Plein de bonnes choses pour toi

 Claire

Barbara Wiedeman : Paul Celan - Die Goll Affäre p. 164

 

lettre de Claire Goll à Paul Celan, 7 juin 1951

 

Cher Paulot,

Excuse ma nervosité aujourd'hui au téléphone. J'avais un rendez-vous avec mon médecin américain qui m'avait demandé un service (lui aussi une introduction pour un certain collègue), et je répugne à être non ponctuelle an moment où l'on me demande un service.

Alors ta lettre.Kalenter est un homme charmant : aimable, fidèle et un ami à toute épreuve, si tu réussis à t'approcher de lui et si vous êtes sur la même longueur d'onde. C'est aussi un homme d'une grande précision, toujours vibrant, merveilleusement doté de tous les dons de l'existence, et toujours prêt à rendre service comme les Hongrois. Je l'aime particulièrement.

Plein de bonnes choses pour toi

 cordialement

 Claire 

Adresse d'Ossip Kalender: Poste Restante 242

Zurich 33

Barbara Wiedeman : Paul Celan - Die Goll Affäre p. 164/165

 

(25) lettre de Claire Goll à Paul Celan, 14 juin 1951

 Stuttgart, 14 juin 1951 

Mon cher Paulot,

Oui, je craignais ce qui est arrivé ; l'Allemagne m'a séduite à nouveau. Quel accueil ! Ça a commencé avec un grand bouquet de fleurs à la gare et plein de gestes amicaux, des invitations, et les gens sont toujours de plus en plus gentils pour moi. "Phèdre" a été un succès : 20 rappels ! à guichets fermés. Le lendemain, ¾ d'heure de lecture à la Radio, avec une merveilleuse introduction du directeur du département littéraire, le Dr. Karl Schwedhelm,

qui, hier, avant ma conférence au Centre d'Etudes franco-allemand, a également fait un texte de beaucoup de pages sur nous, (surtout sur Yvan), qui va paraître bientôt et dans lequel il le comparait même - avec Goethe.

Je t'écris avec intention tant de choses sur Schwedhelm, qui est un homme charmant, et un connaisseur de la poésie, parce que je t'ai recommandé à lui, toi et ton avenir, et je pense que ton avenir est assuré, par ceci en particulier : il était enthousiasmé par la lecture de ta traduction du "Chien rouge de ma mort". Il te demande d'envoyer un choix de poèmes, éventuellement aussi de la prose et de lui envoyer un curriculum-vitae pour qu'il puisse te présenter à ses auditeurs de la Radio. Une telle lecture sera ensuite reprise à la Radio de Hambourg et de Franckfort.

En outre, j'ai parlé de toi avec le fils de Rowolt qui est venu me voir, lui aussi aimerait voir tes poèmes. Nous en parlerons dès mon retour. Parfois, ça prend un peu de temps mais, tu vois, je n'oublie ni le grand poète, ni l'ami d'Yvan. Je t'écris dans le train qui m'amène à Mayence, c'est pourquoi, pardonne cette écriture.

Samedi, je pars à Munich. Etais-tu en Suisse ? Couronné de succès ?

Salue bien cordialement les Rosenberg de ma part.

 Ta toujours très dévouée

 Claire G.

c/o Radio-Stuttgart

Neckarstrasse 145 Stuttgart

Barbara Wiedeman : Paul Celan - Die Goll Affäre p. 165/166

 

(26) carte de Claire Goll Metz, à Paul Celan, chez le Dr Adler, 14, Villa Chaptal, Levallois-Perret 16 août 1951

Cher petit Paul,

Un chaud salut du glacial Metz de Verlaine et d'Yvan Goll, Comment ça va pour toi et Ihpétonga ? Je serai de retour seulement la semaine prochaine. C'est triste pour moi d'être à Metz dans la ville du joyeux Rabelais. J'espère que pour toi que tu es gai et entouré de jeunesse.

 Amicalement

 Claire

Barbara Wiedeman : Paul Celan - Die Goll Affäre p. 167

 

(27) carte de Claire Goll, Knokke-le-Zoute, à Paul Celan, septembre 1951

Mon cher Paul,

Un salut cordial de ce Congrès très intéressant, où plus de 200 poètes sont venus de tous les pays

 Claire

Barbara Wiedeman : Paul Celan - Die Goll Affäre p. 168

 

(28) Claire Goll Paris, à Paul Celan, octobre 1951

Jeudi [ sur papier à en-tête du Palais d'Orsay ]

Cher petit Paul,

Voici les titres des poèmes que tu as déjà traduits des Géorgiques parisiennes :

1) A la Tour Eiffel (Flûte d'airain)

2) Paris (Je te chanterai dans les jardins de zinc)

3) Dans les stations lépreuses des roses [ Dans les léproseries des roseraies]

4)Séducteurs de la Place de Grève

Et maintenant, j'espère bien te lire et t'entendre très bientôt

  affectueusement

 Ta Claire

As-tu écrit à Schwedhelm ?

Barbara Wiedeman : Paul Celan - Die Goll Affäre p. 168

 

(29) Claire Goll Paris, à Paul Celan, [octobre/novembre 1951]

 Samedi

Cher petit Paul,

Je t'envoie aussi vite que possible "L'inconnue de la Seine". Tu me disais pourtant depuis des semaines que cela était presque terminé.

Peux-tu me l'apporter mardi ?

 en hâte

  Claire

Barbara Wiedeman : Paul Celan - Die Goll Affäre p. 169

 

(30) Claire Goll Paris, à Paul Celan, lundi [ 5 novembre 1951, cachet de la Poste]

 lundi

Mon cher Paul,

Je m'excuse mais je ne peux pas dimanche à 4 h. Veux-tu le soir, après-dîner ?

Un mot s.t.p. par retour du courrier.

 

 amicalement

  Claire

Réponds de suite pour que je puisse disposer de ma soirée, en cas d'empêchement de ta part.

Barbara Wiedeman : Paul Celan - Die Goll Affäre p. 169/170

 

(31) Claire Goll Paris, à Paul Celan, mardi [ fin novembre/ début décembre 1951]

 mardi

Cher Paul,

Ci-joint les 3 poèmes et "Réverbères". Comme tu m'as dit que tu soupèses longtemps les mots, si tu t'attelles donc à la traduction des "Géorgiques" pendant quelques heures de chaque semaine de décembre et certainement pas en hâte dans la dernière semaine, ce serait pourtant bien si tu m'en donnais déjà quelques unes autour du 15 Décembre afin que nous voyions ensemble le ton et la résonance.

 Merci pour ton dévouement à Yvan. affectueusement

  Claire

à mon retour de Bruxelles

Barbara Wiedeman : Paul Celan - Die Goll Affäre p. 170

 

 

Claire part à Bruxelles le 13. 12.51

 

 

(32) Claire Goll Paris, à Paul Celan, mardi [décembre 1951]

 mardi soir

Mon cher Paul,

Comme tu es devenu silencieux ! Comment vas-tu et ton nouveau travail ?

J'espère que tu n'as pas oublié notre pacte poétique et que je verrai bientôt la moitié des "Géorgiques". 

Je reste à Paris jusqu'au 22 Décembre

Très amicalement à toi

 Claire

Barbara Wiedeman : Paul Celan - Die Goll Affäre p. 171

 

(36) lettre de Franz Vetter à Paul Celan

 25.12.51

Cher Monsieur Celan

Madame Goll m'a apporté votre traduction des "Chansons Malaises" d'Yvan Goll.

Je les ai lues et je les trouvent très éloignées de l'original. Puisqu'il s'agit d'une traduction, je préfère publier Yvan Goll et non pas une recréation poétique trop éloignée de Paul Celan. Vous avez pris, à mon avis, trop de liberté. Je ne me permettrai pas de minimiser votre talent de poète, mais je désire avoir une traduction fidèle de ces Chansons magnifiques. J'ai toujours souhaité que ce soit Madame Goll elle-même qui traduise ces poèmes et je lui ai donc demandé de le faire. En tant qu'éditeur, je ne peux pas prendre la responsabilité de présenter Yvan Goll à un public allemand dans une traduction qui ne correspond pas à une "affinité sélective" pour ce poète.…

Barbara Wiedeman : Paul Celan - Die Goll Affäre p. 178

 

(37) lettre de Paul Celan à Franz Vetter

 30.XII.51

Cher Monsieur Vetter,

J'ai bien reçu votre lettre du 25 courant, dans laquelle vous me faites savoir que ma traduction n'est pas publiable. Je suis surpris de constater que vous avez conservé le manuscrit de ma traduction.. Ceci, n'est pas, comme vous devez le savoir, une pratique courante dans l'édition. Je vous remercie d'avance

Barbara Wiedeman : Paul Celan - Die Goll Affäre p. 179

 

 1952

 

(38) lettre de Paul Celan à Franz Vetter 4 janvier 1952

 

Cher Monsieur Vetter

La demande que je vous ai adressée de me renvoyer mon manuscrit est restée sans réponse à ce jour. Je ne peux pas accepter la critique que vous avez émise sur ma traduction, car les accords conclu, l'ont été avec Madame Goll et pas avec vous.

Je dois vous préciser que je m'oppose formellement à toute sorte de publication de ma traduction sans que mon nom soit mentionné, ainsi qu'à la publication d'une autre traduction que la mienne, auquel cas, je me sentirai obligé de poursuivre en justice.

 Veuillez agréer, Monsieur …

Barbara Wiedeman : Paul Celan - Die Goll Affäre p. 180

 

 

(33) Paul Celan à Claire Goll Paris le 4 janvier 1952

 

Chère Claire,

 

En même temps que cette partie, je t'envoie ci-joint la copie d'une lettre de Mr. F. Vetter, Pflugverlag, Thal/St.Gallen. Je dois supposer que tu n'as pas connaissance du contenu de cette lettre, car cette lettre n'est pas seulement une offense à mon égard, mais aussi à l'égard d'Yvan, puisque Yvan m'avait choisi comme un de ses exécuteurs testamentaires littéraires. J'ai naturellement réagi à cette lettre et je te donne ici copie de ma réponse à Mr. Verter. Pour éviter des incidents de cette espèce dans le futur, et aussi, parce que nous ne pouvons pas savoir combien de temps de toute façon, dans cet avenir si incertain il nous reste à vivre, il est indispensable que, outre les accords oraux conclus jusqu'ici, concernant les trois traductions d'Yvan dont tu m'as chargé : Les Chansons Malaises, Elégie d'Ihpétonga, et Géorgiques Parisiennes, soient maintenant formalisées par des accords écrits

 Avec les meilleurs souhaits pour la nouvelle année

 Paul

(Traduction Uli Wittman)

Barbara Wiedeman : Paul Celan - Die Goll Affäre p. 171/172

 

 

(34) Claire Goll Paris, à Paul Celan, Paris 8.1.52

 

Paul,

Je ne voulais pas t'écrire pour plusieurs raisons.

1) Pour ne pas devoir te dire, que depuis longtemps, je ne reconnais plus le Paul, qui quelques semaines avant la mort d'Yvan venait à nous, timide, dévoué, chaleureux envers nous

2) Pour ne pas devoir te dire, comment, de mon côté, je ressens le ton de ta lettre recommandée comme une offense.

3) Pour ne pas te devoir dire, à quel point m'avaient blessée ton faux-pas au téléphone et ton dernier geste, "Exécuteur testamentaire Littéraire" ! Quelle arrogance ! Crois-tu réellement qu'Yvan aurait mis quelque chose par écrit de mon vivant à moi ! lui qui, jamais ne manquait de tact ! Il s'agissait du futur Fonds "Claire et Yvan Goll" à créer sous ta caution et celle de Bosquet, mais, après ma mort.

 C. G.

Eu égard à ton attitude irrespectueuse d'aujourd'hui, aussi bien vis à vis de mon défunt que de moi-même, je me pose la question s'il n'est pas nécessaire de taper à la machine ton manuscrit pour pouvoir à tout moment confronter les 2 versions complètement différentes, la tienne et la mienne.

(Traduction Uli Wittman)

Barbara Wiedeman : Paul Celan - Die Goll Affäre p. 172/173

 

(35) Claire Goll Paris, à Paul Celan, Paris 26.1.52

 

Cher Paul,

La semaine dernière, je logeais encore à Bruxelles chez mon ami Pierre-Louis Flouquet, qui, à propos de ma lecture parlait aussi du bel exposé préparé, j'attendais les corrections du numéro spécial allemand du Journal des Poètes, qui étaient sur sa table, et je lisais chaque fois ta "Fugue de la Mort". Tu sais que j'ai toujours été particulièrement formelle sur ce poème que j'aime plus que tout. Flouquet était de mon avis sur la qualité de cette Fugue et ce sera pour moi toujours aussi évident qu'un poème, qui a pour lui le temps et la patience, n'a rien à faire d'une adaptation traduite, à qui on accorde ordinairement un minimum de temps.

Je t'avais dit que, sûrement jamais, dans le cas des Chansons Malaises, rien de ta liste ne serait utilisé par mon éditeur. C'était une pierre qui ricochait sur moi. Seulement, je la ramasse aujourd'hui à contre-cœur, car qui fait du mal aux autres se fait du mal à lui-même.

Tu écris à mon éditeur que tu t'opposerais à toute traduction non signée ou d'un autre nom que le tien.

Et tu savais pourtant que je suis seule responsable pour toute nouvelle traduction et que je dois signer (et cette responsabilité, c'est vis à vis d'Yvan, cela ne dépend pas de toi ni de moi.)

Et la phrase, dans ta lettre insultante, dans laquelle tu demandes un accord écrit « puisque nous ne pouvons pas savoir combien de temps cet avenir incertain nous laisse à vivre », cette allusion à ma santé chancelante et à mon éventuel décès, (car de ta mort à toi, toi jeune homme, tu n'y comptes pas dans les 20 ans qui viennent), cette phrase, tous mes amis la considèrent comme un faux-pas extraordinaire.

Il m'apparaît toujours manifestement que ta sollicitude attentive, d'abord pour nous deux, ensuite pour moi seule, se transformait de plus en plus en intérêt strictement personnel comme aussi le prouvait ta traduction rapidement faite des Géorgiques. Tu rappelles : je les avais demandées jusqu'au 1er janvier. Tu les expédiais déjà - pour des motifs d'argent - dès le 15 décembre, avec ces propos :« elle est excellente et je n'y changerai rien.»

Comment voulais-tu que je réagisse après une rapide première lecture avec toi, face à une attitude aussi arrogante! Même si je me suis rendue compte tout de suite, que je n'y trouvais pas la nécessaire humilité devant la particularité d'Yvan, j'étais trop faible pour te le reprocher. Il a fallu l'intervention de mon éditeur énergique, pour te dire la vérité, d'abord sur les Chansons Malaises, ensuite sur les Géorgiques.

 

… Je suivais ton exemple (ta visite à M° Rosenberg)

 

…Le manuscrit est à ta disposition. Si tu veux venir mardi soir, je te le remets. Idem pour ma traduction des "Géorgiques" à comparer avec la tienne.…

 

Barbara Wiedeman : Paul Celan - Die Goll Affäre p. 173/174/175/176 ***

 

 

Claire avait dédicacé à Paul Celan :

 

Ivan Goll : Traumkraut, Gedichte aus dem Nachlass (64 S.- 20 cm.)

Erste Ausgabe (Vorwort von Claire Goll). Umschlagzeichnung von Marc Chagall

Limes Verlag Wiesbaden 1951

 Für Paul

 den treuen freud

 der das Traumkraut

 blühen und welken sah

 Claire

 

Claire Goll :* Les larmes pétrifiées, avec un dessin d'Antoni Clavé

Collection Cahiers bimensuels n°89 Pierre Seghers, Paris 1951 (29)p.18 cm. 

 

 à Paul

qui - à la période la plus tragique

de ma vie - a si fraternellement

changé mes larmes en sourires

Très affectueusement

 Claire

                                                          1953

 

samedi 16 mai 1953, création de L'Incendie de l'Opéra, de Georg Kaiser :

Traduction de Claire Goll, adaptation théâtrale de Boris Vian

 

  Attaques de Claire Goll sur Paul Celan,

 

(40) Claire Goll : lettre circulaire de la dernière semaine d'août 1953

Il y a quelques jours, je recevais d'un jeune poète allemand, Professeur adjoint pour l'étude de langue, de l'histoire et de la culture germanique [ Richard Exner ] le livre de Paul Celan : Mohn und Gedächtnis [paru fin 52] avec ses mots : « ce recueil est complètement inspiré par le Traumkraut (Limes Verlag Wiesbaden, 1951) de Goll ! Et la critique ne s'en aperçoit pas ?»

important, à traduire avec précision et signer la traduction ****

 

… Pas une seule fois Celan ne m'a dit : « Montre-moi ta traduction pour que nous les comparions ». Il ne lui venait pas, dans sa vanité démesurée, la pensée que je suis aussi un poète et peut-être plus proche du vocabulaire de mon mari et dévouée. C'est que cet "emprunt" est une spécialité de Celan, me confirmait il y a un mois un jeune poète de Vienne, Dr. Alfred Gong, qui vit maintenant à New-York et qui connût Celan en Roumanie de longues années, avec qui il fut longtemps en camp de concentration et plus tard à Vienne. Ses premières publications, de tout le recueil " Der Sand des Urnen "[ Le sable des Urnes ] que, plus tard Celan retirera sagement de nouveau sont - d'après la déclaration du Dr. Gong - laine refaite - des emprunts

Barbara Wiedeman : Paul Celan - Die Goll Affäre p. 187/188/189

 

7 décembre 1953, lettre de Claire Goll à Hans Holtusen

     à recopier                                                      

                                                           1954

    à recopier

                                                           1955

Francis Carmody à Claire Goll, avril 1955

 Francis J. Carmody

 Prof. Of French

 University of California

 Berkeley [avril ] [5]

Chère Claire,

[… ]

Je vous soupçonne de fraude, les variantes entre les poèmes inédits de JsT ne sont pas des fautes de tape ! S'il y a ratures ou changements de la main d'Yvan, il faut, je le maintiens avec conviction, les indiquer en note ; je vois encore que vous avez supprimé un quatrain dans un poème. J'établis pour commencer un index sur cartes 3 x 5.

Barbara Wiedeman : Paul Celan - Die Goll Affäre p. 712

 

Claire Goll à Francis Carmody, le 23 avril 1955

 

 New York, le 23 avril 1955

Cher Francis,

[… ]

Fraude ? Yvan m'a toujours demandé conseil avant de donner une version définitive de ses poèmes. Vous savez que la statue de Memnon chantait. Eh bien, avant de retoucher un poème, je consulte toujours le buste d'Yvan, placé sur la commode, et il me parle, m'inspire et m'autorise d'apporter les changements nécessaires aux strophes ou de retrancher une ligne plus ou moins bonne. Donc, je ne fais rien sans le consentement d'Yvan

Barbara Wiedeman : Paul Celan - Die Goll Affäre p. 713

 

 1956

Décès de Rebecca Kahn le 29 octobre

 

                                                           1957

21 octobre 1957, lettre à Claire Goll d' Audiberti, à vérifier

    à recopier

 1958

 

1 novembre 1958 de Florent Fels à Claire Goll

    à recopier

21 novembre 1958 : Soirée donnée en hommage à Yvan Goll, à la Galerie Devèche, 19 rue Brey, Paris XVII, sous la présidence de Robert Kemp : Souvenir d'Yvan Goll, avec la participation de Edmée de la Rochefoucault, Alain Bosquet, Georges Cattani et Jules Romains [6]

 

Claire Goll : Lettre du 4 décembre 1958 à Florent Fels

 

 SOCIETE DES AMIS D 'YVAN GOLL

 Président: JULES ROMAINS, de l'Académie Française

SOCIETY OF FRIENDS OF YVAN GOLL

 Président: PADRAIC COLUM - New-York 

SECRETARIAT:  FRANCIS J. CARMODY, Professor of French University of California, Berkeley

  

 Paris le 4 déc. 58

 Mon cher Florent,

 

 Offensé ? Au contraire, ta lettre m'avait apporté une très grande joie. Mais n'as - tu pas vu que je ne suis qu'une loque humaine? Trois ans sans une journée de vacances! Sept jours de travail par semaine, car je ne pouvais pas me permettre un seul week-end ; il fallait taper dix heures par jours, puisque j'avais promis à Yvan de vivre pour son oeuvre. J'ai tenu ma promesse, son oeuvre vit, mais moi je me meurs. Il me reste peu de force, ce travail de secrétaire au service d'un mort m'ayant épuisée. Copier, et recopier les documents et les manuscrits, répondre aux demandes des cinq continents et tout cela sans aide, car mes moyens ne me permettent pas de prendre une secrétaire et le tarif des bureaux de copies est trop élevé.

 Comment veux - tu que je réponde aux lettres! Des paquets de lettres importantes - demandes de traductions, d'anthologies etc. - traînent partout : sur les tables, la cheminée, le bureau et le tapis! Tâche - donc de comprendre un silence, imposé par des circonstances extérieures et non par une négligence du coeur.. Celui - ci t'appartient, puisque tu étais l'ami d'Yvan.

Non, je n'ai pas connu Klee. Quand j'ai déjeuné chez Mme Klee, il était encore sous les drapeaux.

Mes poèmes, parus dans "Action" ne m'intéressent pas. Seuls ceux d'Yvan et surtout l'article qu'il a écrit sur Rilke, parce qu'il était à la base d'un diffèrent entre les deux poètes. Il me faut une copie de cet article et la date de sa parution. Et aussi les titres des poèmes allemands qu'il a traduits pour "Action". Fais les copier pour moi s.t.p.

La conférence sur Yvan, qui a eu lieu le 21 novembre, était très réussie. Robert Kemp a parlé de son théâtre et a dit, entre autre, que Ionesco et Beckett étaient basés sur lui. Jules Romains et Georges Cattaui l'ont comparé à Villon, Gérard de Nerval, Mallarmé etc. Et un jeune poète qui parlait au nom de la jeunesse sur son oeuvre allemande, le mettait au niveau de Hölderlin, Novalis, Nietzsche et Lorca. Seulement mon Yvan était trop loin pour entendre ces éloges, trop posthumes.

 Hélas, de son vivant personne n'avait le génie de reconnaître son génie.

Et cela, par mesquinerie confraternelle. Kemp l'a bien dit : "Yvan Goll a eu, chez nous, contre lui, d'être un poète bilingue ".

 Et maintenant, dans tous les essais sur lui figure le mot : "génie "

J'ai reçu hier la traduction de ses "Chansons Malaises" en espagnol, parue à Madrid en un très beau volume. Dans la préface on compare ces poèmes à ceux de Sapho, au Cantique des Cantiques et à St. Jean de la Croix.

 C'est une douloureuse satisfaction pour moi.

La semaine dernière est sorti notre livre, écrit en collaboration : Nouvelles petites Fleurs de Saint François d'Assise, avec trois dessins de Dali. Et Fernand Mourlot va éditer "Neila" (poèmes) avec 4 lithos de couleur de Miro.

 (Voici quelques nouvelles littéraires.)

Bien des compliments à Suzy, qui a la chance d'avoir "un homme à tiroirs", 

 et un baiser affectueux pour toi

  ta vieille amie

  Claire

l'oeuvre complète d'Yvan qui devait sortir 

en Allemagne l'année dernière, sort seulement 

en 1959 parce que je n'ai pu faire texter les traductions nécessaires

 

                                                  1959

 

 1960

 

Paul Celan à Sperber du 30 juillet 1960 :

«…J'avais recherché les époux Goll vers la fin de l'automne 1949 afin de leur transmettre vos salutations. A cette occasion, je leur fis cadeau des épreuves de l'un des exemplaires de mon recueil "Der Sand aus des Urnen" paru à Vienne à l'édition A. Saxl en 1948. Goll fut très impressionné. Jusqu'à sa mort, en mars 1950, je lui ai souvent rendu visite ainsi qu'à sa femme, je leur lisais même à l'occasion certaines choses publiées uniquement dans des revues, ou bien, grande imprudence de ma part, des inédits. Je peux également vous dire, et ce n'est pas par vanité, que je ne suis pas pour rien dans le fait que Goll, qui n'avait plus écrit en allemand depuis des années, soit revenu à cette langue peu de temps avant sa mort. Il doit cela en partie à ma poésie et à ma rencontre, Goll m'a également demandé de traduire ses poèmes français ; je lui ai promis de le faire…Aussi longtemps que je traduisais, la veuve trouvait que tout était admirable; cependant d'autres intentions l'animaient, lesquelles, naïf et confiant comme j'étais, je ne soupçonnais pas.La veuve se mit en tête de publier l'œuvre posthume du défunt. En 1951 est paru le premier tome de cette "œuvre posthume" en allemand "Traumkraut" (Mauvaise herbe de rêve). Que l'auteur, mot qu'il conviendrait plutôt de mettre au féminin, de cette publication eût bien connu ma plaquette viennoise - dont les nombreuses coquilles m'avaient poussé à ne pas la diffuser - est évident. Ce premier volume de Goll, et cela a sa signification, n'eut aucun retentissement. En 1952 est paru mon recueil de poèmes "Mohn und Gedächtnis", lequel, comme vous le savez est une nouvelle édition de ma plaquette viennoise. Ce recueil-ci, fut, lui, apprécié. Alors, la veuve abusive est passée à l'attaque : avec l'aide de quelques "gangsters germanistes" des Etats-Unis, elle a répandu dans la presse, à la radio et dans des lettres envoyées à des particuliers, l'accusation calomnieuse que "Mohn und Gedächtnis" paru en 52 serait un plagiat de celui de Goll paru en 1951. Celan a été qualifié d'escroc, plagiaire et charlatan, comme je vous le dis, mon cher Alfred-Margul Sperber ! » [7]

                                                           1961

 

lettre de Claire à Audiberti 10 avril 1961

 

 Cher Jacques,

    à recopier

IMEC Cote : DBT2. A1-04.03

 

lettre de Claire à Jean Painlevé 27 mars 1961

 

Mon cher Jean,

 Ci-joint le programme de "Mathusalem", dont la première a eu lieu le 22 mars à Francfort-sur-Main.

 Vous trouverez, sur la deuxième page brune, un passage (coché au crayon rouge) vous concernant.

 La pièce a été reçue là-bas triomphalement. Tous les critiques de Francfort, reconnus comme les meilleurs et les plus sévères de l'Allemagne, ont écrit la même chose : "grandiose anticipation de Ionesco"…"ainsi le théâtre de Ionesco et de Beckett vient de Goll" … "Chef d'œuvre" etc.

 D'autres théâtres viennent de s'assurer la pièce. Après ce succès, elle reviendra certainement à Paris.

 Les metteurs en scène se sont lamentés au sujet de la perte de vos films, d'une qualité si géniale et artistique.

 Si seulement, vous pouviez mettre la main dessus pour qu'on puisse les montrer.

 

 J'aimerais beaucoup vous revoir. Ne pourriez-vous pas me donner un coup de fil (Babylone 42 41) ?

 Toujours amicalement vôtre

 

 Claire Goll

 

 Claire Goll

 

                                                           1962

 

 1963

 

lettre de Claire à Audiberti 26 novembre 1963

 

 Cher Jacques,

    à recopier

IMEC Cote : DBT2. A1-04.03

 

 

lettre d'Audiberti à Claire 21 décembre 1963

 

 Chère Claire,

avec enchantement j'ai lu le Ciel volé

Je ne savais pas que tu écrivais des choses aussi charmantes !

Je viendrai, si tu veux bien, recopier mes poèmes

 Bien amicalement

 Jacques

 

SDdV Aa59 ? (247)

 1964

pneumatique de Claire à Audiberti 17 novembre 1964

 Cher Jacques,

 

IMEC Cote : DBT2. A1-04.03

lettre d'Audiberti à Claire 17 novembre 1964

    à recopier

 Chère Claire,

SDdV Aa60 ? (252) - 510.299 III

 

                                                           1965

 

lettre de Jean Painlevé à Claire Goll 27 février 1965

 

 1966

 

 Lettre de Florent Fels à Claire Goll : 25 février 1966

  Hôtel Hermitage, Monte-Carlo

 

 Ma chère amie, je serai à Paris

 du 15 au 30 mars et j'aimerais beaucoup

 te rencontrer.  Veux-tu me donner

 ton adresse et numéro de téléphone en

 envoyant ton courrier :

 Florent FELS

 Hôtel de Calais

 5, rue des Capucines . Paris

 

 en mettant sur l'enveloppe : NE PAS

 FAIRE SUIVRE

 

 à bientôt le plaisir de te voir

 Florent

 25. 2. 65

 

 Lettre de Florent Fels à Claire Goll : 2 avril 1966

 

 Fels. 52 Bd Jardin Exotique

 Monaco

 

 Chère Claire,

Que parles-tu de " grand voyage sans retour " !

Quelle littérature !

Tu vois bien que tu peux servir et vivre, puisque

te voilà servant encore le grand cher Yvan.

Je crois t'avoir dit que les Allemands - je ne dis

pas les nazis - sont passés chez moi dès septembre

40, enlevant mes Chagall, Vlaminck, Utrillo,

et tous mes livres . Je ne possède donc plus d'

ACTION ? où non seulement il y avait des oeuvres

d'Yvan Goll, mais des inédits de l'ami Malraux.

 Demande-lui, peut-être en a-t-il encore et

il a la puissance d'en faire rechercher et retrouver.

 Ta carte m'est parvenue ici. Je serai à

Paris fin mai, te verrai. Je t'embrasse

 Florent

 2.4.66

 

                                           1967

 1968

 1969

 1970

 

Lettre de Claire Goll: 26 juillet 1970 à l’éditeur Jean Petithory

 

 CLAIRE GOLL

 47 RUE VANEAU

  PARIS VII

 

 Le 26. VII.70

 

 

 Mes chers Chantal et Jean,

 

 Je suis ravie de vous savoir au soleil, “ les

 mains libres “. Seulement il ne faudrait pas que Jean s'expose

 aux rayons ultra - violettes, mais cherche l'ombre.

 Je suis seule et triste ici et j'ai la nostalgie

 du Midi que je n'ai pas vu depuis de longues années.

  Aussi, ai - je pensé à ta charmante proposition,

  Jean, de m'emmener là - bas au moment de ton retour

 avec Man.

  Nager, nager, quel rêve! La vieille sirène

  ne vous dérangerait pas, elle sera toujours cachée

  dans le pli des vagues ou de son lit pour écrire, 

    Et pour faire plaisir à Jean, je lui laisserai un

 Miro de 3 2 5.0 0 0 à 1 5 0. 0 0 0 F (anciens).

 Seulement, si vous voulez bien de moi, il

  faut me prévenir huit jours d'avance ou dés

  maintenant fixer une date. Car j'ai des rendez -

 vous à annuler que j'ai pris avec des étudiants qui

 font leurs thèses, soit sur Yvan, soit sur moi.

  Je vous embrasse affectueusement, ainsi que Man (Man Ray)

 et Juliette.

   Votre

   Claire

 

                                                         1971

 

 1972

 

 1973

 

 1974

 

 1975

 

 1976

 

 

 1977

 

30 Mai 1977 : décès de Claire Goll

« Par testament, Claire Goll, décédée le 30 mai 1977, a fait de l'ensemble des manuscrits, des livres imprimés, des oeuvres d'art et des objets divers contenus dans son double appartement au 47 rue Vaneau à Paris, deux parts :

n l'une avec les manuscrits et les imprimés en langues allemande et anglaise, plus un choix de peintures, gravures et photographies, était destinée au musée Schiller à Marbach (Allemagne) où elle devait prendre place au sein des archives littéraires allemandes que cette institution a mission de conserver et de communiquer. Cette dévolution représentait la contrepartie de la pension viagère que depuis 1971, la République fédérale d'Allemagne lui versait mensuellement. Le Musée Schiller, à Marbach, est chargé de recueillir et de conserver les archives littéraires allemandes. Il possède les papiers et les livres de plus de trois cents écrivains qui se sont fait un nom dans la littérature. Il souhaita faire entrer dans ses collections les manuscrits et les oeuvres d'Yvan et Claire Goll.   

n l'autre, avec les manuscrits, les imprimés en langue française, la bibliothèque, la majeure partie des oeuvres d'art, le mobilier et les objets personnels ayant appartenu à Yvan et à Claire, revenait à la ville de Saint-Dié des Vosges. 

(Albert Ronsin, Conservateur honoraire de la Bibliothèque de S.D.d.V., Président des Amis de la Fondation Yvan et Claire Goll)

 

Claire Goll décédait le 30 mai 1977, après avoir traduit, fait éditer ou rééditer dans une douzaine de langues (allemand, anglais,  français, espagnol,  italien,  japonais,  bengali) une grande partie de l'oeuvre d'Yvan, inconnue du "grand public ", en raison de la rareté et du prix des Editions de luxe illustrées.

Claire avait été, comme elle le souhaitait, la parfaite secrétaire d'un mort. C'est elle qui a réussi à lui redonner vie. Dans un exemplaire de Traumkraut Claire Goll a écrit de son habituelle encre rouge Claire sur la page de garde et Claire Goll sur la page de titre.

Un Edelweiss se trouvait dans cet exemplaire ; il ne peut s’agir que de celui dont il question dans "Meiner Seele Töne", lettre de Claire (en cure à Challes-les-Eaux) datée du jeudi 19 août 1948 p.283 : 

 "mais tout cela n’est finalement qu’une question de patience … cette plante de la solitude et de l’altitude t’en enseignera peut-être un peu. Elle s’est patiemment adaptée à la glace et au soleil le plus ardent. Son petit pelage est aussi doux que celui d’un animal. Cet edelweiss vient de la chaîne des glaciers de Belledone.… "

 

dans sa note 1 p.408 Barbara Glauert dit que cet edelweiss n’était pas joint à la lettre originale; et pour cause en avril 1972, Claire donnait à la ville de Saint-Dié "…une croix de Lorraine et flamme "Honneur et Patrie "en métal argenté des Français Libres ayant appartenu à Yvan Goll à New-York, un edelweiss cueilli pour Claire dans les montagnes du Tyrol en 1949. "

Albert Ronsin - Le legs Yvan et Claire Goll à Saint-Dié —Regards n° 102, Avril 1980)

 

  Conclusion

 

 

Comme dans un rêve j’entrai un matin de la première semaine de Septembre 2000 dans les Archives Militaires Nationales Russes situées dans une rue latérale de la tristement célèbre Chaussée de Leningrad à la périphérie de Moscou. Il me fallut surmonter ma peur devant les jeunes soldats, fusils aux pieds, portant des vestes pare-balles, qui contrôlèrent mon passeport avant que je ne puisse entrer dans la salle de lecture. En tout cas, les jeunes soldats me garantissaient l’une des places de travail la plus sûre au monde. Une fois dans la maison, je pouvais bouger librement sans d’autres contrôles. Je pouvais consulter l’ensemble des trente-sept classeurs - ouverts et remplis par Yvan et Claire Goll eux-mêmes dans les années 1919 à 1939, papiers jaunis, encre délavée -. Trente-sept classeurs, en cinq jours, du lundi au vendredi. Poèmes, lettres, relevés de compte. Je lisais, lisais et notais, cataloguais à nouveau et quelquefois j’avais le sentiment que la porte de la salle de lecture des Archives Militaires à Moscou allait s’ouvrir et que Claire Goll entrerait pour m’exhorter : « Vous pourriez travailler encore un petit peu », comme elle l’avait souvent fait dans ses archives parisiennes après 21 heures. Ou elle m’apporterait des gants blancs pour le travail sur les originaux des lettres. Quand je quittais les archives tard dans l’après-midi, je ne savais pas qui était plus fatigué, les soldats de garde dormant sur leurs fusils dressés qui ne pensaient plus à me contrôler, ou moi-même. Je savais : Claire travaillerait des nuits entières pour récupérer ses trésors.

 

Un soutien précieux et important pour remplir les questionnaires, pour traduire et pour faire l’interprète me fut prodigué par Madame Elena Tchesnokova, collaboratrice du Département des Acquisitions à la Bibliothèque de Littérature Etrangère à Moscou. Pendant mon séjour, trois autres chercheurs allemands travaillaient dans la même salle de lecture. On me dit que je pouvais consulter dix classeurs par jour. Cependant, dès le deuxième jour, les vingt-sept classeurs restants furent mis à ma disposition. A l’intérieur de l’ensemble des dossiers Goll, il existe un sommaire en langue russe qui répertorie - cependant de façon incomplète - les oeuvres des Goll contenues dans chaque dossier. Les premières traces de traitement et de mise en ordre des fonds Goll - en langue russe - datent de l’année 1949. Jusqu’en 1960, les fonds étaient stockés au Ministère National de l’Intérieur à Moscou avant d’être transférés aux « Archives Spéciales ». En 1962 seulement, les documents ont été classés sous la forme actuelle. Contrairement à l’information initiale selon laquelle les textes des Goll étaient contenus dans trente-sept classeurs d’une centaine de feuillets chacun, les différents classeurs avaient des volumes variables, allant jusqu’à 744 feuillets. Vu globalement, il y a plus de volume de textes de l’oeuvre de Claire Goll que de celui d’Yvan Goll. Il s’agit pour la plupart de tapuscrits allemands ou français avec un grand nombre de corrections et d’ajouts manuscrits des deux auteurs (aussi dans les textes du conjoint réciproque). D’Yvan Goll et de Claire Goll j’ai trouvé de chacun un roman non publié ainsi qu’un nombre peu important de lettres (Paula Ludwig, Georg Kaiser, Henri Barbusse, Lion Feuchtwanger) adressées à Yvan et à Claire Goll. Par ailleurs, j’ai trouvé plusieurs tapuscrits de textes qui avaient été publiés avant 1939 (l’année où les Goll ont fui la France). De l’oeuvre de Claire Goll, Charlie Chaplin intime, publiée en 1935, j’ai trouvé une adaptation allemande faite par Claire Goll. Un classeur contient des publications feuilletonistes de Claire Golls dans des quotidiens et hebdomadaires allemands des années 20 et 30, un autre des correspondances de Claire Goll avec des maisons d’édition, des rédactions de journaux et des agents littéraires ainsi que des contrats d’édition de ses oeuvres. Deux classeurs renferment des relevés de compte des Goll de diverses banques (Deutsche Bank, Dresdner Bank, Schweizerischer Bankverein Genève et Zurich) de la période entre 1919 et 1939.

 

Un matin, un historien de Berlin présent, lui aussi, dans la salle de lecture des « Archives Spéciales » me conseilla de rechercher également dans le fichier nominatif des Archives Nationales Russes pour la Littérature et les Arts qui se trouve dans le même bâtiment, mais n’a rien à voir avec le butin de guerre. J’en parlai à Madame Tchesnokova, et elle réussit effectivement le lendemain à consulter ce fichier. Elle trouva que ces archives contenaient également des textes d’Yvan Goll et apporta une invitation de la directrice de ces archives me demandant de venir la voir et de lui faire part de mes souhaits. Peu de temps après, je pus consulter le matériel dans la salle de lecture des Archives Nationales pour la Littérature et les Arts. Le texte le plus important que j’aie pu trouver était le tapuscrit du roman Lacrasse d’Yvan Goll (en français, environ 200 pages). Goll avait personnellement envoyé cette oeuvre en 1926 aux éditions moscovites « Land und Fabrik » (« Semlja i fabrika ») pour leur en proposer la publication. Cette maison d’édition a été fondée à Moscou en 1922, dissoute vers 1930, mais existe à nouveau aujourd’hui sous une nouvelle forme. A l’époque, Maxime Gorki, Konstantin Fedin, Anatole Lunatscharski et Ilja Ehrenburg faisaient partie de ses auteurs. Elle publia aussi des traductions russes de Gustave Flaubert, Anatole France et d’autres auteurs français. Jusque-là, je ne connaissais pas de roman intitulé Lacrasse de Goll, mais je supposais qu’il pourrait s’agir d’une version modifiée d’un roman déjà publié en France puisque Goll avait l’habitude de réécrire des oeuvres déjà éditées et de les publier sous un autre titre. 

 

Comme la directrice adjointe des archives m’informa, le tapuscrit du roman Lacrasse de Goll est devenu entre temps propriété de l’état russe puisque Goll l’avait librement mis à la disposition de la maison d’édition de Moscou (contrairement au butin de guerre dans les « Archives Spéciales ») et que de ce fait, le prix des copies était fixé par les archives elles-mêmes. Compte tenu du prix élevé annoncé de 20 US $ la page, je demandai de ne faire copier que quatre pages de texte (plus la page de couverture). Cela me permettrait de vérifier le texte à mon retour. On me proposa ensuite de me faire copier encore trois textes de lettres (5 pages) importantes pour moi (correspondance de Goll avec la rédaction de la revue moscovite Das Wort qui publia en 1938 sa cantate Tscheljuskin dont le texte original a aujourd’hui disparu, une lettre de Lion Feuchtwanger adressée à Goll le 9 Juillet 1937, une carte postale de Goll à Alfred Kurella, rédacteur en chef de la revue Das Wort éditée à Moscou, datée du 20 Octobre 1937, et une lettre de réponse de la rédaction de Wort adressée à Goll le 22 Novembre 1937 depuis Moscou). Après mon retour en Allemagne, je pus constater à l’aide des pages de textes copiées que le tapuscrit de Moscou est, en effet, une autre version française du roman Le Microbe de l’Or où le personnage principal ne s’appelle plus Monsieur Tric, mais Monsieur Lacrasse. Le Microbe de l’Or a été publié pour la première fois en 1927 aux Editions Emile-Paul Frères, Paris. La traduction allemande faite par Georg Goyert a été publiée en 1960 dans le recueil Dichtungen par Luchterhand Verlag, Neuwied. Actuellement, les négociations entre le Wallstein Verlag, Göttingen, qui éditera les oeuvres complètes d’Yvan et de Claire Goll en Allemagne, et les Archives Nationales pour la Littérature et les Arts à Moscou se poursuivent. Ces archives renferment également la traduction russe de son drame Methusalem oder Der ewige Bürger par Dimitri Vygodski, une lettre de Goll adressée à celui-ci le 5 Juillet 1924, un virement d’honoraires à Goll pour la publication de sa cantate Tscheljuskin dans la revue Das Wort, une traduction russe de ses poèmes « Karawane der Sehnsucht » et « Mondschein ». Il est possible que d’autres textes d’Yvan et de Claire Goll (ainsi que des documents provenant de leur bibliothèque parisienne) se trouvent encore à la Bibliothèque Nationale pour la Littérature Etrangère ainsi qu’à la Bibliothèque Nationale Russe (anciennement Bibliothèque de Lénine). Des renseignements complémentaires pourraient être obtenus par la consultation détaillée des 76 dossiers se trouvant également aux « Archives Spéciales » et concernant l’activité de la mission Reichsleiter Rosenberg (fonds N° 1401) puisqu’on y trouverait probablement des indications sur l’endroit précis où les documents provenant de l’appartement parisien des Goll avaient été conservés à l’intérieur du Grand Reich de l’époque. Les archives moscovites contiennent donc : 34 classeurs avec des textes des Goll = 4.251 feuillets au total (excepté les deux classeurs contenant des relevés de compte, des correspondances avec les banques ainsi que le classeur contenant des coupures de journaux des articles de Claire Goll). S’y rajoutent environ 200 pages du roman Lacrasse d’Yvan Goll. Textes au total : 4.451 feuillets dont en langue allemande : 2.996 feuillets, en langue française : 1.455 feuillets.

 

Au dernier jour de mon travail dans les Archives Spéciales, j’ai établi la liste des copies à faire des documents Goll trouvés dans ces archives. Les copies ont été faites au prix de 1 US $ la page dans le courant du mois d’Octobre 2000 et ont été acheminées par courrier spécial, par la voie de l’Ambassade Allemande à Moscou et du Ministère des Affaires Etrangères à Berlin, au Musée National de Schiller à Marbach en été 2001. J’avais réussi ce que personne n’aurait imaginé possible. 4.500 feuillets de propriété intellectuelle d’Yvan et de Claire Goll, dérobés à Paris en 1940, entreposés en Allemagne jusqu’en 1945, sauvés par la « Commission des Trophées » soviétique et conservés à Moscou depuis 1949, avaient repris le chemin de Moscou à Marbach sur le Neckar. En Juillet 2001, j’ai personnellement, et en présence de collaborateurs des Archives Littéraires Allemandes, ouvert et vérifié les deux colis. Toutes les copies des textes d’Yvan et de Claire Goll que j’avais commandées avaient été faites soigneusement. Ainsi, au bout de soixante ans, une partie des oeuvres des Goll dérobées à Paris ont retrouvé une patrie. Lors de leur publication future par le Wallstein Verlag, nous signalerons leur destinée particulière sous le nom d’ « Edition Moscovite ». Ce sera aux gouvernements d’Allemagne, de France et de Russie d’envisager le retour des trente-sept classeurs de textes originaux.

 



 

[2] Sur le côté droit de cette feuille :

En France, n'étant pas un ouvrier salarié et ne bénéficiant pas de l'Assistance Publique, je devrais payer 2.600 francs par jour dans une salle d'hôpital.

[3] littéralement : en dernier ressort.

[4] Le voir en annexe

[5] Daté d'après la réponse de Claire Goll

[6] copier le texte

[7] idem (p. 159/160/161 ). Cette lettre à Sperber est parue dans « Neue Literatur » N° 7, 1975 p. 54-56

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Commentaires
D
It was a truly remarkable post! Thanks for sharing it keep it up
Claire & Yvan GOLL
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